1952: des pilotes de la Navy rencontrent trois disques volants

 

Texte d’origine à:
http://www.ufocasebook.com/navy1952ufoincident.html


Traduit de l’américain par le Grepi

 

Il y a soixante ans, des pilotes de l’US Navy virent quelque chose au-dessus de leur base du Groenland, qui les stupéfia.

C’était au mois d’août 1952, alors que j’étais responsable d’un groupe de trois avions de patrouille de l’US Navy, opérant à partir de la nouvelle base US de Thulé, au nord-ouest du Groenland, à plus de cent kilomètres du Pôle Nord.

La mission principale assignée à nos avions quadrimoteurs World War II Privateers s’appelait «ice reconnaissance», ce qui signifiait qu’ils devaient survoler le Kennedy Channel, le Smith Sound, la baie de Baffin et le détroit de Davis, afin de localiser les icebergs et autres glaces flottantes.

Les données étaient transmises aux navires qui, chaque été, réapprovisionnaient la chaîne arctique de radars, connue sous le nom de DEW (Distant Early Warning) line.

Notre job secondaire, qui ne devait pas interférer avec le précédent, était d’apporter de l’aide à un groupe de scientifiques effectuant des recherches sur les rayons cosmiques. Environ une fois par semaine, si les conditions météorologiques le permettaient, ils lâchaient un énorme ballon translucide, appelé «Skyhook», auquel était suspendu une série de plaques photographiques ultrasensibles.

Les ballons étaient emportés par le vent à une altitude de plus de trente kilomètres, là où l’atmosphère, plus légère à cause de la rotation de la Terre près du Pôle Nord, permettait aux rayons cosmiques de laisser des traces sur les plaques photographiques.

Après que les plaques aient été exposées pendant quelques heures, les scientifiques envoyaient un signal radio au ballon, faisant exploser une petite charge permettant de libérer les plaques qui redescendaient alors sur le sol, suspendues à un grand parachute rouge.

Nous devions voler au-dessus de la couche nuageuse s’il y en avait une, afin de garder un contact visuel avec le ballon et pouvoir ainsi communiquer le lieu où se posaient les plaques. Un hélicoptère était ensuite envoyé pour les récupérer.

Ces ballons de haute altitude étaient équipés de transmetteurs radio basse fréquence de faible puissance. Nos radios compas étaient réglés afin que leurs aiguilles soient toujours pointées dans la direction des ballons.

Les missions ne présentaient aucune difficulté car elles ne se passaient que lorsque les conditions météorologiques étaient bonnes, et à une altitude suffisante pour survoler les icebergs et les masses rocheuses côtières souvent recouvertes de brume. A contrario, ces obstacles devaient souvent être esquivés lorsque nous effectuions des patrouilles de reconnaissance liées aux icebergs ou autres masses de glace.

Chacun d’entre nous devait effectuer deux ou trois missions de ce genre. Cela nous plaisait tout particulièrement car ces vols apportaient un peu de changement par rapport aux habituelles missions de routine ou tactiques. De plus, nous avions le sentiment de participer au progrès de la science.

Je fus donc surpris de découvrir l’un des pilotes - au retour d’un vol de surveillance d’un de ces ballons -, pâle et l’air aussi tendu qu’à la suite d’une mission de combat ou après avoir risqué de se crasher contre une montagne.

Le Lt. John Callahan était un pilote professionnel de toute confiance, c’est pourquoi lorsque je le vis descendre de son appareil dans cet état, je sus tout de suite qu’un incident s’était produit au cours du vol.

«Bon sang, que se passe-t-il, John?», lui demandai-je. «On dirait que tu viens d’échapper à une collision en plein vol!».
«Ed, tu ne vas pas le croire, et je ne suis pas sûr de pouvoir y croire moi-même. Pourtant je L’AI VU! Et O’Flaherty et Merchant aussi! Pourtant, je pense qu’ils ne peuvent pas y croire non plus!».

Je suivis John jusque dans les baraquements en bordure de piste, puis dans la petite pièce destinée aux briefings, où il écrivit d’abord quelques mots en rapport avec son avion. Ensuite nous nous assîmes et bûmes une tasse de café. Le comportement de John semblait vraiment différent de celui auquel j’étais habitué.

Bien qu’il fût un pilote de la Navy hautement qualifié et compétent, il se montrait toujours aimable, cordial et enjoué. Il ne manquait presque jamais de rire et de plaisanter, même après des raids surprises à basse altitude, ou après de longs vols de patrouille aux instruments.
Aujourd’hui, il n’était pas comme ça.

Il affichait un air grave et semblait manifestement ébranlé. La dernière fois que je l’avais vu ainsi, c’était pendant la guerre.

Voici ce que John Callahan a raconté:

Il volait à trois mille mètres d’altitude par temps clair, avec le ballon en vue bien au-dessus de lui. Son compas était verrouillé sur le transmetteur fixé à bord du ballon. Grâce aux paires de jumelles qui se trouvent à bord de chaque appareil, son copilote le Lt. Bill O’Flaherty et lui-même observaient périodiquement le ballon et son paquet d’instruments qui pendaient au-dessous de lui, tel la queue d’un cerf-volant. Pendant la plus grande partie du vol, tout sembla se dérouler normalement.

Toutefois, lors d’une des inspections au moyen des jumelles, John trouva que quelque chose d’anormal s’était produit avec le ballon et sa charge. Il observa longtemps le ballon puis passa les jumelles à O’Flaherty en lui disant: «Regarde le ballon et dis-moi ce que tu vois». O’Flaherty regarda un moment, abaissa les jumelles, fixa intensément John puis, après avoir repris son observation, s’exclama: «Bon Dieu, John! Il y a trois disques argentés, brillants, collés au pack d’instruments! Ils ne se trouvaient pas là la dernière fois qu’on a inspecté le ballon!  D’où diable viennent-ils?»

Callahan reprit les jumelles pour une nouvelle inspection. Les disques étaient toujours là, tels que décrits par son copilote: trois objets métalliques brillants, en forme de soucoupe, agglutinés au câble de soutien, juste au-dessus du pack d’instruments scientifiques.

Par l’intercom, Callahan appela le commandant de bord dans le cockpit et lui tendit les jumelles: «Jette un œil, Merchant, et donne-moi tes conclusions». Sa réaction fut en tous points pareille à celle de ses deux coéquipiers.

Callahan reprit les jumelles et observa les étranges objets durant de longues minutes, pendant que O’Flaherty manoeuvrait le Privateer de façon à garder le ballon en vue. Soudain, Callahan retînt son souffle. Ce qui était en train de se passer était incroyable: les trois objets s’étaient détachés du ballon, puis placés en formation compacte de «V».
Alors que Callahan incrédule observait, la formation sembla s’incliner sur la gauche et fila dans le ciel en deux ou trois secondes à une vitesse époustouflante.

Callahan rendit les jumelles à O’Flaherty. «Ça a disparu», dit-il doucement. «C’est grimpé dans le ciel à partir de presque trente kilomètres d’altitude. Jamais je n’ai vu quelque chose virer aussi sec, et se déplacer aussi rapidement».

Après m’avoir raconté son histoire, Callahan s’assura que le pack d’instruments soit bien arrivé à terre et que sa position ait été communiquée.

Puis il reprit:

«Bon sang, Ed, vu l’angle pris par ces objets dans le ciel pour disparaître en trois secondes, ils devaient se déplacer à des dizaines de milliers de kilomètres à l’heure et infliger des centaines de «G» à leurs occupants! Et quel engin peut-il accélérer ainsi quasi verticalement depuis une altitude de trente mille mètres?»

Pendant que ces événements étaient encore très clairs dans son esprit, Callahan s’assit et rédigea un rapport complet de l’incident. Ce rapport fut transmis via la chaîne de commandement à l’office des renseignements de l’amirauté (Office of Naval Intelligence). Un rapport fut également adressé à l’attention des autorités de l’Air Force à Thulé.

Il n’y eut jamais d’explications ni d’accusé de réception à la suite de ces rapports. Le phénomène ne reste enregistré que dans la mémoire de John C. Callahan, de son copilote et du commandant de bord, ainsi que dans la mienne après que tout cela me fut raconté de manière si vivante au retour de la mission.

Commandant Edward P. Stafford, retraité de l’US Navy

 

Le commandant Stafford est l’auteur de The Big E (1962)  
et de Subchaser (1988)  
tous deux publiés par le Naval Institute

 

Publié à l’origine sur: http://navalhistory.org

Remerciements à Mike Christman