UNE PERSONNE SUR PLACE IL Y A 60 ANS, SE SOUVIENT
DE L’INCIDENT DE ROSWELL

 Par Gary Warth, chroniqueur au North County Times

Texte d’origine à:
http://www.nctimes.com/articles/2007/09/30/lifeandtimes/20_37_059_29_07.txt
Traduit de l’anglais par le Grepi

 

Quelque chose s’est produit cet été-là, il y a soixante ans, à Roswell au Nouveau Mexique.

En juin ou début juillet 1947, un fermier, au cours de son travail, trouva d’étranges débris sur son ranch à environ 110 kilomètres au nord de Roswell. Il en mit un certain nombre dans une boîte et les apporta au sheriff local. Ne sachant quoi en faire, le sheriff avisa la base militaire aérienne de Roswell, qui envoya deux hommes pour enquêter.

Le 9 juillet 1947, le Roswell Daily Record publia un article avec un titre alarmant: «La RAAF capture une soucoupe volante dans un ranch de la région de Roswell».

À part ceci, il y a peu de choses sur lesquelles les gens sont d’accord à propos de ce qui fut désormais appelé «l’Incident de Roswell».

Six décennies plus tard, les ufologues s’efforcent de promouvoir leur propres théories, les sceptiques affirment extravagante l’idée d’un vaisseau de l’espace et les militaires, qui au début affirmaient que toute cette affaire était due à un ballon météorologique, prétendent maintenant qu’il s’agissait d’un engin espion et n’en démordent plus.

Un habitant d’Escondido, Milton Sprouse, 85 ans, dit qu’il sait ce qui s’est passé à Roswell – non pas qu’il soutienne une théorie plutôt qu’une autre – mais parce qu’il se trouvait sur place.

Et qu’en est-il des étranges théories de métaux mystérieux, de corps d’aliens et de dissimulation de l’affaire par les militaires?

«Tout est authentique», dit-il.


Milton Sprouse

De la bombe atomique aux soucoupes volantes

Avant d’arriver au Roswell Army Air Field en 1945 en tant que mécanicien sur moteurs, Sprouse avait assisté à un événement historique indiscutable.

En tant que membre du 309th Bomb Squadron, attribué au 509th Composite Group, Sprouse travaillait avec l’équipe au sol de Big Stink, l’un des bombardiers B-29 stationnés sur une île du Pacifique appelée Tinian, à partir de laquelle les deux missions de bombardement atomique sur le Japon furent lancées à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale.

Après la guerre, le 509th Composite Group fut transféré à Roswell où il fut rebaptisé 509th Bomb Wing. Sprouse continua à diriger l’équipe au sol de Big Stink qui s’appelait maintenant Dave’s Dream, du nom du pilote.

«Il n’y avait là-bas que des mauvaises herbes s’agitant sous le vent sur des kilomètres et des kilomètres» dit-il en arrivant à Roswell en novembre 1945.

Ce n’est qu’au retour d’un vol de trois jours en Floride à bord du Dave’s Dream que Sprouse apprit qu’il se passait quelque chose de bizarre à Roswell.

«J’étais là le jour où l’on annonça qu’un ovni s’était écrasé. Le lendemain, le Roswell Daily Record publia l’information et le soir même tous les généraux affirmèrent que l’histoire était fausse».

Le fermier William «Mac» Brazel avait trouvé les débris sur le ranch de J.B. Foster où il était chef d’équipe, en juin ou au début du mois de juillet. Brazel en ramassa paraît-il quelques uns, dont des bâtons, des bandes caoutchoutées, des feuilles de métal et de papier très solides, qu’il remit au sheriff George Wilcox, qui lui-même alerta la base aérienne.

L’officier du renseignement Jesse Marcel fut envoyé au bureau du sheriff. Jesse Marcel rapporta ce qu’il avait vu au commandant de la base, l’officier Colonel William Blanchard, qui lui ordonna de se rendre au ranch avec le fermier Brazel afin d’examiner les lieux du crash.

Après avoir passé la nuit au ranch, Marcel et un autre officier chargèrent leurs véhicules avec des débris dont certains auraient porté des symboles mystérieux, puis retournèrent à la base. Le colonel Blanchard ordonna alors de faire publier un article dans la presse affirmant que sa base avait capturé une soucoupe volante.

L’histoire parut dans le journal local le 8 juillet. Ce même jour les débris furent chargés dans un B-29 et transportés avec Jesse Marcel dans une base aérienne au Texas. J. Marcel fut photographié à côté de ce qui prétendument était les débris. Les militaires établirent un rapport selon lequel ces débris provenaient en fait d’un ballon météorologique.

Recherche de la vérité

Selon Milton Sprouse, toutes les copies des journaux de Roswell ont été récupérées par des officiers, et des centaines d’hommes du 509th amenés sur les lieux du crash afin d’essayer de récupérer des débris, en marchant épaule contre épaule à travers le champ.

Sprouse n’est pas allé sur place car sa présence était nécessaire auprès de «Dave's Dream», mais cinq hommes de son équipe se rendirent au ranch.

Ils affirmèrent que ce qu’ils avaient découvert «n’était pas de ce monde», soit notamment des feuilles ‘d'un métal qui, une fois froissé, reprenait sa forme initiale sans laisser de plis’.

Alors qu’étaient ces débris? Venaient-ils vraiment d’un autre monde ou étaient-ils seulement le produit de l’imagination débridée de soldats, alimentée par la monotonie d’une ville perdue dans le désert au milieu des années cinquante?

Une chose est sûre maintenant: ils ne provenaient pas d’un ballon météorologique.

En 1995, après des années de questions au sujet de l’incident, l’US Air Force finit par admettre que l’histoire du ballon météorologique avait été inventée pour couvrir un projet top- secret baptisé «Mogul», destiné à détecter les explosions atomiques de l’URSS au moyen de ballons de haute altitude.

Dans le cadre de ce projet, certains lâchers comprenaient plus de deux douzaines de ballons attachés en ligne les uns aux autres sur plus de 200 mètres.

Charles Moore, un scientifique impliqué dans le cadre du projet Mogul, a parlé publiquement du projet en décrivant des similarités frappantes entre ce qui a été trouvé au ranch près de Roswell et le matériel du projet  Mogul, qui utilisait des tiges, du papier métallisé et des bandes marquées de dessins.

Les étranges marquages qui ressemblaient à des hiéroglyphes cosmiques pourraient avoir une explication beaucoup plus ordinaire car, selon Charles Moore, le projet Mogul utilisait des bandes fabriquées dans une usine de jouets!

Les ballons furent lâchés en juin et juillet 1947 de la base aérienne d’Alamogordo, Nouveau Mexique, et furent suivis jusqu’à Arabela, Nouveau Mexique, à environ dix-sept miles du ranch de J.B.Foster, avant que les batteries ne rendent l’âme et que le contact ne soit perdu.

Encore d’autres questions

Mais si les débris provenaient bien du projet Mogul, comment une série de ballons attachés les uns en dessous des autres aurait pu créer les entailles dans le sol en forme de gouges que les témoins disent avoir vues?

Néanmoins, les sceptiques au sujet de la théorie du crash d’ovni notent que certains témoins ont modifié leurs témoignages sur ce qu’ils ont vu sur place.

L’explication par le projet Mogul ne répond pas à la question de savoir pourquoi des témoins ont affirmé avoir vu des corps d’aliens sur le site, bien que la réponse par un autre rapport de 1997 concluait qu’il s’agissait de mannequins anthropomorphiques, destinés à tester des parachutes de haute altitude.

Les tenants de la théorie «ovni» trouvent l’explication un peu facile. Il y a en effet un problème de timing, étant donné que les tests de parachutes ne furent conduits qu’à partir des années cinquante. Cette différence dans les dates a été expliquée comme provenant du fait que les gens - vu le nombre d’années qui s’était écoulé - ont confondu les deux incidents qu’ils ont réunis dans leurs souvenirs en un seul et même événement.

Milton Sprouse, quant à lui, se rappelle que les gens ont parlé de «corps d’aliens» immédiatement après la récupération des débris et que les corps ont été emmenés dans un hangar gardé par deux soldats armés à chaque porte.

Il affirme aussi qu’un camarade de caserne, médecin dans un local réservé aux urgences, lui a rapporté avoir vu à l’hôpital ce qu’il a appelé «des corps d’humanoïdes».

«Ils se sont rendus au "ER room" et deux docteurs ainsi que deux nurses furent réquisitionnés afin de disséquer deux de ces corps d’aliens». Ensuite, les docteurs et les nurses furent transférés ailleurs.

Selon M. Sprouse, étant donné que son ami lui a dit avoir vu les corps, il le croit. Son ami lui a dit aussi qu’on ne pensait pas que ces aliens mangeaient de la nourriture. Il ne sait pas pourquoi il lui a dit ça. Peut-être que leur système digestif n’est pas destiné à de la nourriture telle que nous la connaissons.

De la même manière que les docteurs et les nurses, son ami fut transféré et il n’entendit plus parler de lui. Néanmoins, au sein de la base d’autres personnes ont gardé ceci en mémoire.

Il a entendu cette histoire tellement de fois que, selon lui, elle doit être authentique.

Milton Sprouse connaissait Jesse Marcel mais il n’a jamais réussi à lui parler après l’incident car, dès ce jour-là, il ne put plus l’approcher.

L’histoire continue à vivre

Après que l’Armée se soit rétractée par rapport au crash d’une soucoupe volante, le monde oublia largement l’incident et accepta l’explication du ballon météorologique.

Mais les hommes stationnés sur la base, eux, ne l’oublièrent pas si facilement.

Selon M. Sprouse, ils en parlaient encore en 1956 quand il quitta la base.

En 1978, Jesse Marcel fut interviewé par un chercheur et apparut dans un documentaire appelé «UFO Are Real» l’année suivante. Le National Enquirer interviewa aussi Jesse Marcel en 1980 et publia un article dans lequel ce dernier disait que des débris ressemblaient à du bois qui ne pouvait être brûlé, et que d’autres, de métal fin, ne pouvaient être pliés. Le livre The Roswell Incident sortit en 1980 et fut le premier de toute une série sur le sujet.

De la même manière que l’intérêt grandissait sur l’incident de Roswell, le nombre des détracteurs augmentait également. Certains ont soulevé la question de la crédibilité de Jesse Marcel, affirmant qu’il s’était fait prendre par l’hystérie au sujet des ovnis et était connu pour avoir exagéré son passé militaire.

Son fils publia son propre ouvrage cette année-là, The Roswell Legacy, pour défendre son père qui mourut en 1986.

Milton Sprouse ne s’est pas tenu au courant de tous les livres et documentaires sortis au sujet de Roswell et ne s’y est pas rendu en juillet, pour le 60ème anniversaire du crash.

Il participe néanmoins aux réunions annuelles des anciens du 509th, ce qui représente 25 à 30 vétérans.

Selon lui, l’affaire de Roswell revient sur le tapis chaque année, mais sans rien apporter de nouveau.

Sprouse est invité à parler chaque année de son expérience à Tinian auprès de cinq Hautes Écoles et auprès d’autres groupes. À la surprise de son public, il finit souvent son exposé en parlant de ses souvenirs de Roswell.

Lors d’une invitation au début de l’année à Tucson, Arizona, il raconte qu’un participant est venu le voir à la fin de l’exposé en lui disant qu’il ne croyait pas un traître mot de ce qu’il avait raconté.

Sa réponse fut: «Vous pouvez penser ce que vous voulez, mais moi je sais que c’est vrai».