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Les MIB I:
La Grande Saga

Tout a commencé en 1947. Cette année-là, Kenneth Arnold, un homme d'affaires américain...

Eh oui! La grande saga des MIB (Men In Black, les Hommes en Noir) commence exactement comme celle des soucoupes volantes: même région, mêmes acteurs, même époque... Il faut dire que ces étranges entités sont comme l'ombre portée au sein de l'humanité par le phénomène des mystérieux engins volants, l'accompagnant dans toutes ses variantes, sous toutes les latitudes... sans avoir connu, jusqu'au film sorti cet été, la même popularité! Il faut dire aussi qu'ils n'ont rien pour être populaires: inquiétants, menaçants, insaisissables, destructurants, souvent associés aux aspects les plus sombres de la CIA, les MIB sont faits pour tenir le rôle du méchant dans la nébuleuse soucoupique, à peine surpassés par certains Gris dans la répulsion qu'ils inspirent. Mais cela n'empêche qu'ils soient aussi farceurs à l'occasion, et semblent parfois jouer un épisode de Parker Lewis.

Mais qui sont-ils exactement? Des habitants de la Terre? Des robots? Des extraterrestres capables de mimétisme au point de ressembler aux humains? Ou des entités d'un monde parallèle, régi par des lois différentes du nôtre? Et dans quelle mesure sont-ils liés au pouvoir des Etats? Leur passionnante et énigmatique histoire va peut-être nous éclairer sur ces questions incertaines...

Un MIB protohistorique

Tout a commencé en 1947, sauf, bien sûr, pour ce qui s'est passé avant, ainsi qu'il en va pour les ovnis eux-mêmes. Un ovni, cet appareil en forme de cigare, mû par une immense hélice et observé par trois hommes au Nouveau-Mexique, le soir du 26 mars... 1880? Oui, au sens propre, l'origine de cet étrange engin n'ayant jamais pu être identifiée. A bord se trouvait une compagnie de joyeux drilles, qui riaient et parlaient une langue inconnue des témoins, et qui lâchèrent par-dessus bord divers objets: une fleur magnifique, un ruban de papier qui avait l'aspect de la soie et sur lequel étaient écrits des caractères asiatiques, et une tasse d'une "facture très particulière", s'il faut en croire ceux qui la virent brièvement, car tous ces articles furent soustraits rapidement aux yeux du commun des mortels.

Car à l'occasion de cette toute première observation des temps modernes, d'un objet volant inconnu en tant que véhicule transportant des êtres humains, ou humanoïdes, va se manifester déjà le type de personnage qui deviendra célèbre sous l'appellation de MIB. Il est vrai qu'ici cette définition semble un peu abusive, puisqu'on ne dispose d'aucune indication sur la couleur des vêtements de l'étranger qui, quelques heures seulement après que les objets aient été exposés dans la vitrine d'une gare voisine, arriva de nulle part et en offrit une somme telle que leur détenteur ne put refuser de les lui céder! Cet homme, qui prétendait être un "amateur de curiosités", identifia les articles comme étant de provenance asiatique et les emporta, supprimant ainsi, à l'instar de nombre de MIB plus contemporains, l'élément matériel qui demeurait comme preuve tangible de l'observation insolite.

L'affaire de Maury Island

Ainsi, tout a véritablement commencé en 1947, quand Kenneth Arnold, qui s'était emballé pour cette histoire de soucoupes après sa fameuse observation du Mont-Rainier, fut envoyé par Ray Palmer, l'éditeur de la revue Amazing Stories à Chicago, pour enquêter sur l'affaire de l'île Maury, dans l'Etat de Washington, donc relativement à proximité pour lui qui se déplaçait avec son avion personnel.

Rappelons brièvement ce que d'aucuns considèrent comme les faits, d'autres comme une histoire montée de toutes pièces: trois jours avant l'observation d'Arnold, un surveillant du port de Tacoma et son fils avaient vu six objets volants en forme de doughnut (circulaires avec un trou au milieu) survoler leur embarcation alors qu'ils patrouillaient près de Maury Island. Semblant en difficultés, l'un d'eux se mit à osciller, puis émit une explosion et lâcha sur eux un filet de matière métallique brillante, qui coulait comme de la lave, et qui blessa le fiston et tua le chien qui les accompagnait. Quand Kenneth Arnold arriva sur les lieux, il trouva Harold Dahl, le marin, fort réticent à raconter ce qui lui était arrivé. Arnold dut user de toute sa force de conviction et finalement, Dahl fut mis en confiance et fit au (déjà célèbre) businessman le récit suivant:

Le lendemain de l'incident, à la première heure, une Buick dernier modèle s'arrêta devant sa maison. Un homme en complet noir, de taille moyenne, frappa à sa porte et lui fit le récit, par le menu, des événements de la veille, absolument comme s'il avait été présent et qu'il eût assisté à toute la scène. Il prévint alors Dahl que s'il s'avisait de parler de ce qu'il avait vu à quiconque, des "répercussions déplaisantes" pourraient s'ensuivre pour lui et sa famille. Comme Dahl ne s'était encore ouvert à personne de cette affaire, ces paroles le laissèrent interdit.

De fait, après qu'il eût commis l'imprudence de raconter son histoire à Kenneth Arnold et de lui confier un échantillon de ce qui avait chu de la soucoupe, Dahl disparut, et aucun enquêteur ne parvint à le retrouver. Crissman, le collègue de Dahl, fut littéralement exilé en Alaska (Barker) ou au Groenland (Keel), soudainement rappelé par l'armée dans laquelle il avait servi comme pilote pendant la guerre. Deux officiers des renseignements de l'armée, venus enquêter sur place, n'allèrent pas très loin: leur avion s'écrasa peu après le décollage de la base voisine de Tacoma, avec le morceau de métal mystérieux qu'ils avaient emporté; Paul Lance, un journaliste de Tacoma qui avait aidé Arnold lors de son enquête, mourut lui aussi peu après. Un autre journaliste, Ted Morello, de United Press, qui était également sur l'affaire (les soucoupes volantes, depuis quelques jours, faisaient la une de tous les journaux), prit Arnold à part et lui dit:
"Vous vous êtes engagé dans quelque chose qui dépasse nos capacités... Je vais vous donner un simple conseil: quittez cette ville avant que tout cela ne nous saute à la figure!"
Morello avait reçu plusieurs coups de téléphone d'un énigmatique correspondant, l'informant - mot à mot - de tout ce qui se passait dans la chambre d'hôtel d'Arnold pendant son enquête! C'est là, en effet, que le businessman avait choisi d'interroger confidentiellement, un à un, les témoins de cette étonnante affaire. Une fouille minutieuse de la chambre ne révéla la présence d'aucun micro.
Le dernier coup de fil de l'inconnu fut pour faire savoir à Ted Morello que l'avion qui s'était écrasé avait été saboté. A l'appui de ses dires, remarquons qu'il donna également l'identité exacte des victimes... plus de douze heures avant que l'armée ne les communiquât officiellement.
Arnold lui-même s'en tira de peu en rentrant chez lui: après avoir ravitaillé à mi-chemin, il reprit l'air, et son moteur s'arrêta, bloqué par le givre. Il ne dut qu'à son expérience de pilote et à ses réflexes d'éviter le crash. Quant aux échantillons qu'il avait remis à Palmer, la boîte à cigares où il les avait rangés fut volée, dans son bureau de Chicago, sans qu'il sût jamais par qui.

Ainsi commençait la saga des MIB, dans le mystère, la violence et le sang, début d'une longue série de disparitions, de suicides et de cancers galopants, qui jalonnèrent l'ufologie pendant toutes les années qui suivirent.

L'International Flying Saucer Bureau

Les plus prudents furent épargnés, cependant: ce fut le cas d'Albert K. Bender, qui "popularisa" le mythe des Hommes en Noir avec son livre Flying Saucers and the Three Men (les Soucoupes volantes et les Trois Hommes)... paru dix ans après qu'il eût, sous leur pression, fermé son International Flying Saucer Bureau, en 1953!
Bender, un ufologue de la première heure résidant à Bridgeport, dans le Connecticut, était pourtant un passionné. Le groupe qu'il avait fondé marchait bien, et couvrit rapidement, de façon remarquablement organisée, l'ensemble du territoire américain, de même que cinq autres pays (l'antenne britannique, basée à Bristol, existe d'ailleurs toujours, et est sans doute le plus ancien groupe ufologique du monde!). Quand soudain, à la grande surprise (et à la déception) de ses collaborateurs, Bender annonça la clôture du Bureau "sur ordre d'une autorité supérieure", disant qu'il en savait assez sur le phénomène, étant parvenu à connaître la nature exacte des UFOs ainsi que leur provenance.  

Il raconta à ses proches collaborateurs qui le pressaient de questions, comment il avait été contraint, par trois hommes dont il avait eu la visite, de renoncer à poursuivre ses recherches. Bender avait mis sur papier ses dernières idées en matière d'ovnis et les avait envoyées à un ami. Les MIB arrivèrent peu après, en possession dudit papier, le menaçant des pires conséquences s'il advenait qu'il le publiât. Plusieurs heures durant, ils le cuisinèrent sur le sujet, et ils lui firent part d'une révélation que Bender qualifiera de fantastique et d'effrayante, porteuse de changements importants dans tous les domaines du développement humain, particulièrement dans les sciences. Avant de s'en aller, l'un des trois hommes en noir prévint Bender: "Si un seul mot sur ceci sort de votre bureau, vous aurez des ennuis."

Bien sûr, les membres du petit comité qui entretenaient avec Albert Bender des relations proches et amicales, ne pouvant réprimer leur curiosité, mirent au point toutes sortes de stratagèmes pour tenter d'en savoir plus. Bender, qui leur paraissait choqué par son aventure (il leur avoua n'avoir pas pu manger pendant trois jours après la fameuse visite), resta toujours aimable à leur égard, et supporta avec patience leurs questions croisées. Gray Barker, qui était à l'époque Directeur des Enquêtes de l'IFSB, rendit compte avec précision de ces séances dans son livre They Knew Too Much About Flying Saucers. Avant chaque réponse, Bender réfléchissait pendant quelques secondes, puis finissait par dire la plupart du temps: "Je ne peux pas répondre à cela", même s'il s'agissait de questions apparemment banales sur le phénomène en général ("j'ai peur de déraper", disait-il!).
Cependant il accepta de donner quelques éléments à ses amis, desquels il ressort que ses visiteurs émargeaient vraisemblablement à une agence gouvernementale: à Gray Barker, qui avait reçu quelques semaines plus tôt la visite d'un homme prétendant appartenir au FBI, et qui en relatait la teneur dans un petit article pour Saucer News (sa propre revue), Bender conseilla d'écrire plutôt qu'il avait vu "un représentant du gouvernement U.S.", sans autre précision. A une autre occasion, il dit que les trois hommes n'étaient pas du FBI, mais d'"une autre branche"... et qu'ils avaient fait appel à son sens de l'honneur de citoyen américain. Bender dit aussi qu'avant de s'éclipser, l'un d'eux lui fit cette remarque: "Dans notre gouvernement, nous avons les meilleurs hommes du pays. Ils ne trouvent aucune défense contre cela [les ovnis, réd.]. Comment pouvez-vous y faire quoi que ce soit?" Questionné sur la nature exacte des ennuis qu'il aurait à encourir s'il contrevenait aux ordres des hommes en noir, Bender précisa qu'il devrait certainement passer "de longues années en prison". A l'évidence, les individus dont il parlait alors appartenaient à un service gouvernemental américain.
Quelque temps après, l'ufologue mentionna en passant, lors d'une conversation téléphonique avec un de ses amis, sa théorie et la visite des trois MIB. A peine avait-il raccroché que le téléphone sonna: une voix l'avertit qu'il venait de faire un dangereux écart, et qu'il devrait faire plus attention à l'avenir...

"Je crois, dit plus tard le directeur de l'IFSB, que j'étais tombé sur quelque chose que je n'aurais pas dû savoir. Quand les trois hommes m'ont donné une certaine information, j'ai l'impression que je suis devenu blanc comme un linge."
Curieusement, on peut relever que lors des conversations qu'il eut avec deux de ses amis, les seules questions auxquelles il ne répondit pas furent celles ayant trait au Mystère Shaver, lié à l'existence d'une civilisation résidant à l'intérieur du globe terrestre...
Par la suite, Bender confia avoir été contacté par un quatrième visiteur, au sujet duquel il ne voulut donner aucune précision. Il dit à ses proches collaborateurs de l'IFSB qu'il devrait se rendre de temps en temps à Washington, sans en donner la raison.

Dix ans plus tard, en 1963, paraissait The Flying Saucers and the Tree Men, dans lequel Bender livrait une toute autre image des hommes en noir qui l'avaient obligé à interrompre ses recherches, et dont il avait dit à l'époque qu'"ils n'étaient pas très amicaux" (ce qui était manifestement un euphémisme). A l'en croire, ces hommes, vêtus et coiffés de noir, avaient une apparence ordinaire en dehors du fait qu'il semblaient pouvoir se matérialiser et se dématérialiser à loisir. Il aurait été transporté dans une base secrète de soucoupes en Antarctique, où on lui aurait révélé la vraie nature de ces engins et la raison de leur présence sur Terre: ces visiteurs extraterrestres extrayaient de l'eau des océans un élément dont ils avaient besoin. Une fois cette opération terminée, Bender pourrait enfin parler - c'est pourquoi il avait attendu si longtemps, écrivait-il.
Le récit qu'il fait dans cet ouvrage diverge tellement d'avec ses dires de l'époque qu'on peut légitimement se demander si ces "révélations" n'ont pas été faites sur commande, et si ce livre ne s'inscrit pas dans une vaste opération de manipulation des esprits, dont on n'a pas encore mesuré les réalisations tentaculaires.

Les MIB en Australie, une imitation?

Le correspondant de Bender en Australie, Edgar Jarrold, reçut à la même époque une visite analogue. Lui aussi dut promettre sur l'honneur de ne parler à personne, pas même à sa femme, de ce qui se passerait lors de ces visites, sans en avoir reçu la permission. Il eut néanmoins l'autorisation de mettre par écrit certaines des déclarations de son énigmatique interlocuteur, en sa présence. Ces révélations, écrivit Jarrold à Bender, le surprenaient au-delà de ce qui était imaginable! Lui-même les accueillait de sang-froid, mais il ajoutait qu'elles étaient susceptibles d'effrayer bien d'autres personnes, et de leur faire perdre la tête... Etonnamment, il lui fut conseillé de changer l'appellation de son groupe, d'Australian Flying Saucer Bureau (Bureau australien des Soucoupes Volantes) en Interplanetary Ships Sighting Bureau (Bureau d'Observation des Vaisseaux Interplanétaires)!
Jarrold précisa qu'il reçut de telles visites à quatre reprises, les 3, 5, 7 et 12 décembre 1953. Les conversations pouvaient durer jusqu'à trois heures. Lors de l'une d'elles lui fut posée la question suivante: "Que pensez-vous qu'il arriverait immédiatement à des visiteurs extraterrestres si une soucoupe atterrissait près de Sydney, ou de n'importe quelle autre grande ville?
- Bien sûr, répondit Jarrold, ils seraient tués sur-le-champ... mais on chercherait sans doute à préserver leur véhicule!
- Cette dangereuse ignorance et cette hostilité sont la raison principale qui empêche les êtres extraterrestres d'atterrir ouvertement pour l'instant, expliqua le visiteur, mentionnant qu'ils pourraient utiliser d'horribles forces destructrices, mais qu'à son avis ils ne le feraient pas, car cela s'avérerait désastreux pour les contacts ultérieurs, or ils ne semblaient rechercher qu'un contact amical.
Jarrold affirma par ailleurs que le 3 décembre, son visiteur lui présenta des preuves de sa position et de ses qualifications! Il ne voyait pas quel intérêt l'homme aurait eu à lui mentir de façon si confidentielle; l'information qu'il recevait lui semblait parfaitement honnête et sérieuse. Il apprit qu'il avait été choisi "pour sa sincérité et son manque d'hostilité".
Intox? Peut-être bien. Gray Barker, qui a mené sur les événements de cette période un véritable travail de détective, a établi un lien entre les visites de Bridgeport et celles d'Australie: elles sont intervenues après que les deux organisations eussent fait paraître dans leurs bulletins respectifs l'information selon laquelle une enquête conjointe allait être menée pour vérifier une théorie portant moins sur l'origine que sur la cause des soucoupes volantes. Or, cette théorie semblait accréditer une provenance intra-terrestre des objets non-identifiés.
La mise K.-O. de Bender, puis l'endoctrinement persuasif de Jarrold, auraient-ils été les étapes d'une manipulation de l'opinion ufologique? Manipulation poursuivie ensuite par l'ex-directeur de la CIA, l'amiral Roscoe Hillenkoetter, à la tête du NICAP...

Ou des vrais de vrai?

Mais Edgar Jarrold avait vécu, quelques mois plus tôt, des expériences d'une nature plus inquiétante, des manifestations plus en rapport avec les descriptions ultérieures d'Albert Bender (ce qui donne à ces dernières, malgré tout, un semblant de crédit).
Le 21 juillet, vers 2h45, il avait été réveillé par un bruit sourd, non loin de sa maison. Il était sorti pour voir ce que c'était, mais n'avait détecté qu'une étrange odeur, qu'il avait comparée à celle du plastique brûlé. Il avait averti la police, qui n'avait rien trouvé. Des voisins, cependant, avaient eux aussi entendu ce bruit inexplicable.
Jarrold y avait pensé toute la journée, et le soir venu, il avait eu de la peine à trouver le sommeil; un trafic inhabituel perturbait le quartier. Alors qu'il s'était relevé encore une fois pour se chauffer une tasse de thé, il avait jeté un coup d'oeil par la fenêtre: il n'en était pas revenu! Ce qu'il avait pris pour la circulation de nombreuses voitures, c'était toujours la même, une limousine noire qui passait et repassait devant et derrière sa maison, tous feux éteints, dans ce quartier mal éclairé de Liverpool! Il lui avait semblé distinguer deux silhouettes sur la banquette avant, puis la voiture était allée se garer au bord du trottoir, un demi-bloc plus loin. Il était trois heures du matin. La limousine était restée là jusqu'à 6h30.
Le lendemain, le directeur de l'AFSB avait cherché à savoir si d'autres que lui avaient également remarqué cette auto. En effet, l'un de ses amis l'avait aperçue, et il avait même vu clairement l'homme qui en était sorti pour demander l'heure (un comportement typique des MIB!) D'après la description qu'il fit de ce personnage à la police, celle-ci en conclut qu'il s'agissait d'un criminel connu!

Un jour, alors qu'il faisait ses courses dans un grand magasin de Sydney, Jarrold fut brutalement poussé en bas des escaliers. Contusionné, il s'enquit auprès des personnes présentes de l'allure de son agresseur: personne n'avait vu quelqu'un le pousser, il avait semblé tomber de lui-même!
Kenneth Arnold, lui aussi, avait déclaré avoir reçu la visite d'êtres invisibles, dont il ne percevait la présence que par la déformation des fauteuils dans lesquels ces entités prenaient place... Arnold pensait qu'il pouvait s'agir des pilotes des soucoupes volantes: jamais ils ne cherchèrent à entrer en communication avec lui. Ils se déplaçaient simplement dans sa maison et semblaient s'y comporter comme chez eux.
Par la suite, Edgar Jarrold fut contacté par le Département de l'Air australien, qui souhaitait le consulter au sujet d'observations particulières d'UFOs ou de théories s'y rattachant. Puis il reçut une convocation du ministre lui-même pour une réunion avec les services de renseignement de l'armée de l'air à Melbourne. Dès lors, il cessa de communiquer avec ses collègues de l'AFSB et avec les autres chercheurs privés.

Encore une fermeture de boutique...

John Stuart était l'un des dirigeants des Flying Saucers Investigators. Sa collègue, Doreen Wilkinson, était partie, ne sachant plus que penser du phénomène, quand John écrivit une dernière lettre à son ami Gray Barker, en 1955. Le papier ne portait plus l'en-tête de l'organisation. John s'en expliquait ainsi:
"Salut à toi, l'ami! Cela fait si longtemps que je ne t'ai écrit! Et, crois-moi, il s'est passé beaucoup de choses. Tant de choses, en fait, que les Flying Saucers Investigators n'existent plus! Oui, nous avons fermé.
"Pour commencer, Gray, puis-je ajouter mon conseil solennel à celui de --- --- et à celui d'Albert Bender? Alors, je t'en prie, fais attention à toi et sois très prudent dans tes investigations!
"Fou? Eh bien je le suis peut-être. Parfois je me demande si tout cela est vraiment arrivé. Mais je sais que oui.
"J'ai reçu la visite d'un type qui m'a donné un conseil - après qu'il soit parti, il m'a semblé que je devrais écouter ce qu'il m'a dit. Vois-tu, j'avais un morceau de métal gris-blanc et - voilà, maintenant, je ne l'ai plus! Notre ami 'pensait' qu'il avait plus de droits que moi sur ce métal. J'ai appris beaucoup de choses sur les UFOs de ce gaillard - oh oui il m'en a dit beaucoup - trop peut-être, pour ce qui concerne ma sécurité personnelle.
"Il est facile de comprendre, je pense, pourquoi il m'a fait ces confidences. C'était pour me flanquer une frousse d'enfer - ça a marché! J'ai eu peur plus d'une fois pendant la dernière guerre, mais je suis le premier à admettre que j'étais vraiment effrayé après que ce 'gentleman' fût parti.
"Sûrement, Gray, en temps voulu je leur dirai d'aller au diable, et je reprendrai les soucoupes. Je n'en sais rien.
"Tu seras curieux d'apprendre comment j'ai eu mon morceau de 'métal'. C'est tombé d'un UFO. Tu as mon rapport d'une observation rapprochée, en juin 1954. En février 1955, une observation similaire a été faite, et c'est à cette occasion que je suis entré en possession de cette pièce métallique. La nuit suivante, avant mon départ pour Auckland, mon visiteur m'appelait.
"Je ne peux pas t'en dire plus pour l'instant, c'est trop pour moi. En bref, je ne suis pas chiche d'aller contre mes 'ordres'.
"Tout de bon
"Et pour l'amour de Dieu, sois prudent, Gray!"

Rendez-vous sur la berge

Carlo Rossi avait l'habitude de pêcher la nuit dans son coin favori, sur la rivière Serchio, près de San Pietro a Vico, dans la partie septentrionale de l'Italie. Bien qu'il avait perdu un bras dans un accident, Carlo Rossi, un homme dans la cinquantaine, se débrouillait avec son autre main pour amorcer sa ligne, et prenait énormément de plaisir à son loisir favori.

 

Il était trois heures du matin, en cette fin de juillet 1952. Un reflet de lumière sur l'eau attira l'attention de Rossi. Il leva les yeux et vit un objet bizarre, comme une bobine aplatie, avec des rotors sur le dessus, qui planait un peu au-dessus du cours d'eau. Il lançait des éclairs oranges et bleus. Un tube sortit bientôt de l'objet et plongea dans la rivière, semblant pomper de l'eau. Rossi regardait la scène bouche bée, quand un personnage d'apparence humaine émergea par une ouverture au sommet de l'engin. Il dévisagea le pêcheur pendant un instant, puis pointa son doigt vers lui, comme s'il voulait le montrer à une autre personne que Rossi ne pouvait pas voir, à l'intérieur de l'objet. Carlo Rossi n'était pas rassuré et prit la fuite. Un rayon de lumière verte passa encore au-dessus de sa tête, tandis qu'il ressentait comme une secousse électrique dans tout le corps. S'étant jeté à terre, il put voir l'objet s'élever et disparaître en direction de Viareggio.

Rossi décida de ne parler à personne de ce qu'il avait vu. Ainsi fit-il, et il ne fut pas peu surpris quand, deux mois plus tard environ, le 15 septembre, alors qu'il gagnait son lieu de prédilection en fin de journée, un étranger le salua et lui demanda s'il n'avait pas vu "un avion, ou un autre engin volant au-dessus de la rivière"! L'inconnu, qui avait semblé l'attendre, était vêtu de bleu sombre, et son visage était très anguleux et son regard pénétrant (caractéristiques communes à la plupart des cas de MIB). Il s'exprimait en italien, mais avec un fort accent, comme celui d'un Scandinave. Rossi, se sentant menacé, nia avoir vu quoi que ce soit. L'autre lui offrit alors une cigarette - comme le pêcheur n'en avait jamais vue, avec une marque dorée sur le côté. Sitôt qu'il en eut tiré une bouffée, il se sentit pris de vertiges et de nausées. Alors l'étranger lui arracha la cigarette, l'écrasa et la jeta dans la rivière! Puis il s'en alla sans demander son reste.

  Craignant qu'on cherche à le faire taire, le témoin se rendit alors auprès du procureur de Lucca, et fit sous serment une déposition sur son observation d'ovni.

 

Un MIB chez Mao

Li Jing-Yang avait six ans en mai 1963, quand il vit, tandis qu'il jouait avec ses camarades, un disque argenté brillant qui planait dans le ciel de sa province du Shansi, à Yangguan précisément. Le lendemain de cette observation, Li fut arrêté dans la rue par un homme très grand, mince et habillé tout en noir. L'homme demanda à Li, en pointant l'endroit du ciel où l'objet était apparu, s'il avait vu quelque chose d'inhabituel récemment. L'enfant répondit bien sûr par l'affirmative, et le MIB lui dit alors de "ne jamais dire à personne" ce qu'il avait vu. Puis il s'en alla et disparut au coin de la rue.

Li rapporte que l'apparition de ce personnage peu commun fut remarquée et abondamment commentée par plusieurs habitants, qui furent frappés par la démarche mécanique et la voix bizarre de l'inconnu, qui semblait sortir d'un automate - ses lèvres restant immobiles tandis qu'il parlait. Il fit ainsi à l'observation du disque volant une publicité qui allait exactement à l'encontre de sa mise en garde au petit Li.

Des MIB pas très "British"...

  La photo qu'avait prise James Templeton de sa fillette, le 24 mai 1964, allait devenir un classique des documents ufologiques considérés comme authentiques. En effet, alors qu'au moment d'actionner l'obturateur, cet officier des pompiers de Carlisle (au nord de l'Angleterre) n'avait perçu qu'une vague lumière inhabituelle dans l'atmosphère, ce qui apparut au développement le sidéra! Une silhouette humaine était nettement visible en arrière-plan, vêtue d'un scaphandre de couleur claire, et qui semblait regarder vers le photographe...

Templeton en informa la police et signala le fait à Kodak, le fabriquant de la pellicule (qui par la suite offrit la gratuité de ses produits à vie à la personne qui résoudrait le mystère!)

A quelques semaines de là, une grosse Jaguar s'arrêta devant sa maison, et deux hommes en costume sombre en sortirent. Leur comportement surprit le pompier: ils s'appelaient entre eux par des numéros, et tandis qu'ils emmenèrent Templeton jusqu'aux marais où il avait photographié Elizabeth, sa fille, ils lui posèrent en chemin les questions les plus inhabituelles. Il s'enquirent entre autres de la vie ornithologique locale, et d'autres sujets aussi inattendus. Puis ils essayèrent de le convaincre qu'il n'avait pris dans son objectif qu'un homme ordinaire qui passait par là: peine perdue, Templeton n'avait vu personne, et il n'était pas fou.

Il résista poliment à leurs insinuations, ce qui eut pour effet de les mettre hors d'eux: ils se précipitèrent dans leur Jaguar et démarrèrent sur-le-champ, abandonnant le témoin en rase campagne, à cinq miles de chez lui...

Les amateurs de photos

L'aventure de Rex Heflin, cet inspecteur d'autoroute de Santa Ana (Californie) qui avait photographié un ovni près d'un camp de Marines, a marqué les esprits. Heflin avait réussi à prendre plusieurs polaroïds depuis sa camionnette, ce 3 août 1965, et son observation fait l'objet d'un chapitre du fameux Rapport Condon, résultat de l'étude officielle mandatée par le gouvernement américain en 1967.

Par bonheur, Rex Heflin avait fait copier ses photos avant que deux hommes ne passent les prendre chez lui; l'un d'eux disait appartenir à l'entreprise Boeing, l'autre être un représentant du NORAD (North Americain Air Defense Command). Ce dernier enjoignit à Heflin de ne plus parler désormais de cette affaire, car il 'mettait en danger la sécurité nationale'. Ne voyant pas venir ses photos en retour, au bout d'un certain temps, Heflin contacte le NORAD: on lui répond qu'aucun membre de cette agence ne l'a visité, et les polaroïds originaux ne seront jamais retrouvés.  

Deux ans plus tard, des inconnus frappent à sa porte, au crépuscule. Ils portent des uniformes de l'Air Force. Fort de sa première expérience, Heflin leur demande leurs papiers, et note soigneusement leur identité. Ces hommes lui parlent des photos, et lui demandent s'il sait quelque chose du Triangle des Bermudes! Pendant la conversation, Heflin remarque la présence d'une voiture garée dans la rue, avec une inscription sur la porte avant qu'il ne parvient pas à lire. Il aperçoit une silhouette sur le siège arrière, et une lumière violette éclaire faiblement l'intérieur, lumière qu'il pense émaner de cadrans d'instruments. "On est en train de m'enregistrer", se dit-il. Son poste de radio FM, qui est allumé au salon, fait entendre des "pops" bruyants et distincts pendant tout l'entretien.
Plus tard, un certain nombre d'enquêteurs, parmi lesquels le regretté James E. McDonald, mettront tout en oeuvre pour identifier ces visiteurs. Leurs efforts, malgré les précautions prises par Heflin, resteront vains. Personne ne saura jamais qui a parlé à Rex Heflin, ce soir du mercredi 11 octobre 1967.

Cette histoire restera dans toutes les mémoires, et aujourd'hui encore, bien des gens dans le petit monde soucoupique américain pensent que les MIB sont avant tout des chasseurs de photographes, et vont jusqu'à douter de leur existence si leurs propres clichés ne leur ont jamais été réclamés! Ce qui est, bien sûr, une vision un peu simpliste du rôle de ces étranges personnages.

Une reconnaissance officielle

Suite au bruit créé par ces confusions entre les MIB et des représentants d'organismes officiels, l'Air Force fut sur le qui-vive, et le 1er mars 1967 (l'année qui fut la plus fertile en MIB) un memo très sérieusement intitulé "Personnifications d'officiers de l'Air Force", signé par le Lieutenant Général Hewitt Wheless, Air Force Assistant Vice Chief of Staff, fut envoyé à tous les commandants. En voici la teneur:
"Une information, non vérifiable, est parvenue au Quartier général de l'USAF, selon laquelle des personnes prétendant représenter l'Air Force ou d'autres organismes de la Défense, ont contacté des citoyens qui avaient observé des objets volants non identifiés. Dans l'un des cas rapportés, un individu en vêtements civils, qui se présenta lui-même comme un membre du NORAD, demanda et reçut des photos appartenant à un particulier. Dans un autre cas, une personne portant un uniforme de l'Air Force approcha la police locale et d'autres citoyens qui avaient vu un UFO, les rassembla dans une salle de classe et leur dit qu'ils n'avaient pas vu ce qu'ils croyaient avoir vu et qu'ils ne devaient parler à personne de l'observation. Tout le personnel civil et militaire et particulièrement les Officiers de Renseignement et les Officiers enquêtant sur les UFOs qui entendent de tels rapports, doivent immédiatement en notifier les officiers locaux de l'OSI ." (= Office of Scientific Intelligence)

Le Dr. J. Allen Hynek, qui était à l'époque le consultant scientifique de l'Air Force pour les ovnis, écrivit dans un article paru dans Playboy en décembre 1967:
"On m'a raconté à l'occasion ce qui semble être une histoire véridique, quand tout à coup le témoin prit un ton extrêmement confidentiel et me dit qu'il était certain que sa ligne téléphonique était écoutée ou qu'il était espionné, parfois de façon régulière, soit par le 'gouvernement', soit par les 'occupants de l'engin'."

Le Dr. Edward U. Condon, quant à lui, d'après John Keel, a reçu la visite d'un "MIB" un peu particulier à l'université du Colorado, à l'époque où il dirigeait l'étude qui porte son nom. Cet individu laissa son chauffeur l'attendre dans sa Cadillac, entra dans le bâtiment et se dirigea droit vers le bureau du professeur. Il se présenta comme étant Mr. Dixsun, représentant du Septième Univers. Il avait l'aspect habituel de cette sorte de MIB assez râblés, avec des lunettes noires. Il proposa au Dr. Condon, moyennant une assez forte somme, de l'aider à contacter des hommes de l'espace - ce qui n'était pas précisément la tasse de thé du professeur... Mr. Dixsun remonta alors dans la Cadillac et s'en alla sans doute hanter d'autres amateurs de soucoupes.

Le cas Watts

Tim Beckley, l'enquêteur et auteur bien connu, consacre au cas de Carroll Wayne Watts un chapitre entier de son ouvrage sur les MIB, "The UFO Silencers". Tim connaît bien le Capitaine Robert Loftin, que le Dr. Condon avait chargé de recueillir le témoignage de Carroll Watts au cours de l'étude officielle qu'il conduisait alors, sous mandat de l'Air Force.
Le cas Watts représente ce qu'il peut y avoir de plus complet en matière d'observation d'ovni, puisqu'il y a eu contact, enlèvement, photos de très bonne qualité... mais il n'est pratiquement pas connu, certainement parce que le témoin finit par se rétracter: nous allons voir dans quelles conditions.

L'aventure de Carroll Watts a commencé le 31 mars 1967, alors qu'il rentrait chez lui à Loco, Texas, aux environs de 22h30. Ayant aperçu une lueur dans un bâtiment abandonné non loin de là, il s'en approcha et découvrit un objet cylindrique d'une trentaine de mètres de long, et de 2m50 à 3m de haut (l'objet était à terre, à l'horizontale). Pensant qu'il s'agissait d'un prototype en difficulté, il se mit à cogner sur la surface pour obtenir un signe de vie. Une porte s'ouvrit alors, et une voix métallique invita Watts à entrer et à subir un examen médical, qui se conclurait par un voyage dans l'espace s'il se révélait positif. Mais il n'osa pas s'avancer à l'intérieur et prit la fuite, tandis que l'objet s'envolait vers le sud sans un bruit.
Les jours suivants, Watts ne cessa de penser à cet épisode en se promettant, si l'occasion se représentait, d'en apprendre plus sur ce mystérieux aéronef. Ce qui ne tarda pas: le soir du 11 avril, l'objet revint, accompagné d'un petit engin ovoïde. Cette fois, Watts y pénétra et fit connaissance avec l'équipage, composé de cinq hommes petits (1m50) et musclés. Il sentit l'appareil décoller, et après un temps indéterminé et une vibration à l'arrivée, la porte s'ouvrit sur une vaste salle où le témoin subit le fameux examen médical. Puis il perdit connaissance, et se réveilla sur le siège de sa voiture. A son retour chez lui, il s'aperçut qu'une demi-heure seulement s'était écoulée.

Lors de contacts ultérieurs, Carroll Watts put prendre onze bonnes photographies du 'cigare', et une (très floue) de l'un des êtres qui le pilotaient. D'autres personnes de la région ayant aussi observé des ovnis, l'affaire finit par arriver aux oreilles de l'Air Force, qui la transmit au comité Condon. Watts envoya une copie de ses photos au comité, ainsi que son témoignage détaillé de son extraordinaire expérience. Une autre série de copies fut adressée au Dr. Hynek, qui déclara qu'à première vue, il ne s'agissait pas d'une fraude. "Si c'est un mensonge, remarqua Hynek, il est très très intelligent. En fait, il serait si intelligent que ce serait presque aussi intéressant que ce que ce fermier prétend avoir vécu." Néanmoins, et pour s'en assurer, il suggéra que le témoin soit soumis au test du détecteur de mensonges.
Watts échoua au test effectué par I.R. Wynne, un spécialiste des détecteurs. Il craqua sous la tension et dit que son histoire lui avait été suggérée par des moyens hypnotiques, par un artiste de la région.
Puis lors d'une entrevue avec le Capitaine Loftin, il déclara qu'il avait volontairement faussé le test, sa famille ayant été menacée et lui-même battu. Le FBI fut averti et emporta quatre photos du 'vaisseau'. Et voici ce que Watts raconta aux enquêteurs:
"Je m'étais mis en route pour passer ce test à Amarillo, à une centaine de miles d'ici. Non loin de Loco, une voiture était rangée sur le bord de la route, une Plymouth '55, je crois, et une jeune femme blonde d'environ 25 ans essayait de décapoter. Je me suis arrêté pour lui donner un coup de main.
"A ce moment-là, je fus frappé par derrière, sur la tête. Le coup me fit tomber, mais je ne m'évanouis pas. En relevant la tête, j'ai vu deux hommes en costume sombre. L'un d'eux me menaçait avec une arme automatique.
"Si tu passes ce test, on verra le jour à travers toi en plus d'un endroit, me dit-il. Maintenant, tire-toi! Et je suis parti."
Après son retour à son domicile, tard le soir, alors qu'il racontait à sa femme comment il avait 'échoué' au test, une voiture passa devant la maison et l'arrosa, à la façon des gangsters d'Al Capone dans le Chicago des années '30, d'une rafale de mitraillette!

D'après Beckley, un groupe exclusivement chargé de réduire au silence les témoins d'ovnis trop crédibles existe bel et bien... et aucune agence gouvernementale ne couvre ses activités. Les "MIB" en cause dans cet épisode n'en paraissent pas moins terriens, humains et usant de moyens fort triviaux! Ce qui tranche avec d'autres témoignages, où les entités en cause présentent des caractéristiques un peu plus "exotiques".

Mystérieuse Long Island

Une des vagues d'apparitions d'ovnis qui fut la plus liée aux MIB fut peut-être celle qui se déroula à Long Island (New-York) en 1967. On y releva tout une série de rapports faisant état de curieux voyageurs, déambulant dans les ruelles au milieu de la nuit. Ils avaient une allure les apparentant à des Tziganes ou à des Orientaux, à la peau brun olivâtre assez foncée.
Deux hommes en uniforme de l'Air Force, faisant fi du memo officiel, menacèrent des témoins d'apparitions d'ovnis. L'un d'eux, qui exhiba même un revolver à deux reprises, s'identifia comme étant le Lieutenant Frank Davis - identité cyniquement composée des prénoms des deux victimes du crash aérien de Tacoma, dans l'affaire de l'île Maury... 20 ans auparavant. Ce prétendu Lieutenant Davis réapparut en uniforme de facteur, photographiant les résidences des témoins d'observations de soucoupes volantes.
Un fermier des environs de Melville avait vu un disque métallique planant à quelques mètres au-dessus de son champ, en plein jour. Une échelle pendait sous la soucoupe, et alors qu'il l'observait, elle se rétracta et l'engin s'envola sans aucun bruit.
Quelques jours plus tard, on frappa à sa porte. Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant une gitane, en robe grise et sandales, à la peau très mate et aux cheveux de geai, qui s'adressa à lui: "J'ai fait un long voyage, dit-elle d'une voix grave, marquée d'un accent. Puis-je avoir un verre d'eau?" Il s'exécuta, la vit prendre une pilule ronde et verte, puis s'en aller. Il s'étonna de ne voir aucune voiture à proximité, car il vivait à l'écart, dans un lieu retiré et en-dehors des voies de passage ordinaires.

Le comportement de cette femme énigmatique est une répétition exacte de ce qui était arrivé à une famille de Cape May (New Jersey) plus tôt dans l'année. Un individu bizarre, qui lui aussi avait "fait un long voyage", avala une pilule avant d'avoir avec ses hôtes une conversation sans queue ni tête. Puis il fit quelques pas dans la nuit, monta dans une Cadillac noire, et s'en alla tous feux éteints...
Mais revenons à Melville où, à peu près au même moment où la gitane voyageuse demandait son verre d'eau, quatre Indiens apparurent, après une forte averse, sur le seuil de la maison d'une femme qui habitait le sommet d'une colline, pas très loin de là. Trois d'entre eux étaient imposants, à la peau sombre et au visage allongé, aux traits orientaux. Ils portaient des costumes gris de grande qualité. Le quatrième, en revanche, dit la femme, ne payait pas de mine, et était chichement vêtu d'un veston noir un peu râpé. Ils lui dirent que naguère, leur tribu était propriétaire de l'endroit, et qu'ils cherchaient à le récupérer.
Ce qui effraya le plus leur interlocutrice était que leurs chaussures, impeccablement cirées, ne portaient aucune trace de boue, et qu'aucune voiture ne semblait les avoir amenés jusque là. La route, pourtant, ainsi que son allée de terre, étaient détrempées par la pluie. Et elle remarqua, après leur départ, qu'ils n'avaient laissé aucune empreinte sur le sol humide...

MIB ou... EBE?

Toujours dans l'Etat de New-York, à Eden, un chasseur était à l'affût, cette nuit du 1er mars 1967. Soudain il entendit un bruit inhabituel et vit atterrir un objet circulaire, d'apparence dorée. Une porte s'ouvrit ("comme la porte coulissante d'un ascenseur", rapporte Dewitt Baldwin, le chasseur) et un homme sortit, vêtu d'une combinaison collante noire, comme celle d'un aviateur. L'homme, qui portait une sorte de casque et des lunettes protectrices, s'approcha: "Il me demanda ce que je faisait. Ce n'était pas un Blanc, ce n'était pas un Noir non plus. Il parlait tout à fait normalement, sans accent. Je lui dit que je chassais. Il me demanda si j'étais né ici, et je lui répondis que non, que j'étais né en Géorgie. Il saisit mon fusil, l'examina, puis me le rendit. Il me dit qu'il reviendrait. Puis il grimpa dans la soucoupe, et quelques secondes plus tard, disparut de ma vue."
Dewitt Baldwin décela une fissure sur le canon de son fusil, après que l'homme l'eût inspecté. C'est la seule trace qui resta du passage de l'inconnu, car ni lui ni son véhicule n'en laissèrent dans la neige fraîche... ce qui fit douter du récit du chasseur, dont les caractéristiques sont pourtant loin d'être uniques.
Cet épisode n'est pas sans rappeler l'étrange observation que fit des années plus tôt Mme Hilda Walker, de Houston, Texas. Un homme avait...atterri dans un arbre, près de sa maison: il portait des vêtements noirs bien ajustés, et une paire des grandes ailes, noires également. Il était apparu comme une lumière éclatante en forme de torpille, survolant sa maison, et sa silhouette de "chauve-souris humaine" (Bat Man), entourée d'un halo qui illuminait les branches, put être clairement vue par trois témoins, ce 18 juin 1953, à 2h30 du matin. Au bout de trente secondes environ, le halo sembla s'éteindre et l'"homme" disparut.
Bien sûr, le Batman de Houston, comme le "pilote" d'Eden, ne représentent pas le MIB classique, celui qui a créé la légende, avec son costume et ses lunettes noires, se déplaçant en voiture plutôt que par ces voies peu orthodoxes. Mais comme celui des ovnis, le phénomène des MIB est peut-être plus vaste que l'image à laquelle on serait tenté de le réduire.
Que les amateurs de vrais MIB ne zappent pas, ceux qui suivent devraient les satisfaire!

"L'homme le plus étrange que j'aie jamais vu!"

Tout commença par cet objet semblant tomber du ciel, brillant de couleurs rouge, verte et blanche, que les Christiansen ont vu depuis le Garden State Parkway, parallèle à Burleigh, dans le New-Jersey, ce 22 novembre 1967. Après s'être arrêtés, ils constatèrent que l'engin volait silencieusement, à basse altitude; puis il fit un angle aigu et passa au-dessus de leurs têtes! Ils purent ainsi voir ses phares allongés, qui partaient de la partie inférieure de l'objet pour s'étendre vers le haut. Les deux filles les plus petites étant effrayées par cette apparition, les Christiansen ne s'attardèrent pas et rentrèrent à la maison.

Ils appelèrent alors la base de l'Air Force la plus proche, et un officier leur posa quelques questions. Plus tard, ils reçurent un appel d'une autre base, située dans un autre état, d'où ils furent interrogés beaucoup plus longuement sur leur expérience. Ce soir-là, un des membres de la famille perçut de bizarres bruits électroniques, comme des signaux radio.

Après des vacances en Floride, les Christiansen avaient emménagé dans une nouvelle maison, à Wildwood, New-Jersey. Le 9 janvier 1968, à cinq heures trente de l'après-midi, on frappa à la porte. Ils ouvrirent et un homme entra, que Connie, dix-sept ans, décrira comme "le plus étrange qu'elle ait jamais vu"! Il demanda si Edward Christiansen habitait bien ici, se présentant comme un émissaire du Bureau de Recherche des Héritiers (Missing Heirs Bureau). "M. Christiansen pourrait avoir hérité une grosse somme d'argent!" L'homme déclina son identité, que les Christiansen ne purent se rappeler ensuite. Ils se souvinrent seulement de l'avoir entendu dire que ses amis l'appelaient "Petit" ("Tiny")...

De très grande taille, il était aussi volumineux, et les Christiansen estimèrent qu'il devait peser dans les 150 kilos. Il portait une toque de fourrure à la russe, mais avec une visière noire, et un mince manteau d'une matière noire qui ne semblait pas le protéger du froid intense qui régnait ce jour-là. S'étant défait de sa coiffe, il arbora un crâne grand et rond, mais son visage était anguleux et pointu. Ses cheveux étaient noirs, mais très courts, comme s'ils avaient été rasés et avaient à peine repoussé. Ses yeux étaient un peu exorbités, et l'un d'eux paraissait de verre, ne suivant pas les mouvements de l'autre. Sa voix aussi était étrange, comme si elle avait été produite par un ordinateur, avec des phrases juxtaposées, prononcées sur un ton monocorde. Sa respiration était sifflante.

En enlevant son manteau, il laissa entrevoir une sorte de badge, qu'il s'empressa de recouvrir de la main. C'était un badge métallique, mais différent de celui que portent les policiers américains. Connie dit avoir eu le temps d'apercevoir des lettres et des chiffres, comme un K et plus loin un x... Mais de toute évidence, il ne voulait pas que ses hôtes le voient. En s'asseyant, les jambes de son pantalon noir remontèrent sur ses mollets. Il avait des chaussures noires aux semelles très épaisses, des chaussettes noires... et de l'une d'elle sortait un fil vert qui s'introduisait sous le pantalon! Sur une courte section, ce fil passait sous la peau de la jambe de Tiny, à un endroit où on voyait juste une tache brune.

Comme les Christiansen étaient sur le point de passer à table, ils invitèrent Tiny à se joindre à eux. Celui-ci prétendit être au régime, mais ajouta que dans dix minutes, il prendrait bien un verre d'eau! Puis il se mit à interroger M. Christiansen pour déterminer s'il était bien l'héritier. Ses questions allaient des cicatrices qu'Edward Christiansen avait sur le corps, aux voitures qu'il avait possédées et aux écoles qu'il avait fréquentées... Alors qu'il parlait, le visage de Tiny devenait toujours plus rouge. Il ne tarda pas à réclamer son verre d'eau, dans lequel il fit fondre une pilule jaune; et après l'avoir bu, son teint repris sa couleur normale.

Après trois quarts d'heure, il prit congé. Arline Christiansen le regardait, alors qu'il était sorti de la maison, et le vit faire un geste. Une grosse Cadillac noire 1963 s'avança alors, émergeant de l'obscurité tous feux éteints. Tiny y monta et la voiture partit, sans allumer ses phares.

Vrais et faux ufologues

Les agents des services gouvernementaux ou les officiers de l'Air Force, s'ils ont souvent fait les frais du mimétisme des MIB, ne sont pas les seuls à avoir pâti des interventions intempestives de ces mystérieux acteurs: des chercheurs connus ont, eux aussi, vu leur personne et leur réputation être utilisées de façon à ce qu'une confusion totale s'ensuive dans les enquêtes en cours.
Ainsi, Brad Steiger, un prof de collège américain qui a écrit bon nombre de livres sur les UFOs, raconte une aventure survenue à un de ses amis journaliste qui "couvrait" une vague d'apparition d'ovnis à l'autre bout du pays, en 1968. Il reçoit un jour un coup de fil qui le laisse pantois: "La peste soit de Brad Steiger et de Joan Whritenour [sa collaboratrice]! Et à bas John Keel [un autre auteur spécialiste des faits et gestes des MIB]!"
Steiger reconnut la voix de son ami et lui demanda ce qui se passait.
"J'essaie d'enquêter sur cette vague d'ovnis - Seigneur! Tout le monde en a vu! - mais chaque fois que je veux creuser un peu, les témoins se ferment et disent: "je n'en dirai pas plus! Brad Steiger dit que des choses terribles vont m'arriver si j'en dis trop long sur ce que j'ai vu!" Une dame m'a même confié que John Keel lui a dit que les occupants des soucoupes l'emmèneraient si elle parlait à quiconque de son observation."
Brad Steiger sachant que ni lui, ni Keel ne s'étaient trouvés dans la région à ce moment-là, il pressa son ami de lui donner plus de détails.
"Eh bien, où que j'aille, le témoin a reçu un exemplaire du livre de Steiger & Whritenour, ou un magazine avec un de tes articles!"
- Et ce sont ce livre ou ces articles qui les effraient? Ceux qui les distribuent doivent y ajouter leur commentaire... Qui sont ces types? As-tu pu les rencontrer?
- Je ne les avais pas vus jusqu'à cet après-midi, répondit le journaliste. Je crois que je suis arrivé à cette ferme juste après eux. Sacrés petits ânes antipathiques... J'essayais de parler avec la femme du fermier, pendant qu'ils jacassaient avec lui en agitant une de ces revues et en lui racontant comment Brad Steiger mettait en garde les témoins pour qu'ils ne parlent pas!
- Tu pourrais les décrire?
- C'étaient de petits hommes dans des costumes sombres. Tous trois avaient l'air très bronzés... Je n'arrive pas à me souvenir de leurs yeux. Maintenant que j'y pense, ils portaient tous des lunettes noires!

Enquêteur sous surveillance

George Smyth avait commencé à s'intéresser aux ovnis après qu'avec deux autres soldats, il en eût observé deux pendant son engagement dans la guerre de Corée. Revenu à la vie civile, il s'était abonné à Saucer News et faisait pour la revue des enquêtes dans sa région, le New-Jersey.

Le 10 octobre 1966, deux adolescents s'étaient trouvés nez à nez avec un être monstrueux, de plus d' 1m80, à la peau verte et aux yeux rouges, sans nez, oreilles ni cheveux, alors qu'ils se promenaient dans les bois aux environs d'Elizabeth (N.-J.). Un attroupement s'était formé autour des garçons qui racontaient leur aventure quand Smyth arriva, remarquant aussi une grosse limousine noire parquée à quelque distance. Deux hommes trapus, au teint basané, en sortirent, tandis que Smyth put voir qu'un troisième restait au volant. Ils s'approchèrent du groupe et posèrent à leur tour une ou deux questions aux témoins. Leur accent était indéfinissable, et leurs yeux légèrement en oblique.
Smyth informa Saucer News de l'affaire du monstre vert, et une équipe d'enquêteurs se déplaça pour enregistrer tranquillement le témoignage des deux jeunes promeneurs. Smyth les accompagna jusqu'au domicile de l'un des témoins, mais resta à l'extérieur, et remarqua que la limousine noire était réapparue; les deux mêmes hommes s'en extrairent à nouveau, et se mirent à examiner la maison jusqu'à ce que les investigateurs de Saucer News en sortent; puis ils retournèrent à leur voiture. Ils restèrent là dix minutes, puis s'en allèrent.
Deux semaines plus tard, Smyth reçut un mystérieux coup de téléphone: quelqu'un lui dit d'abandonner ses recherches sur les UFOs, puis raccrocha.

Pendant une année, Smyth n'entendit plus parler des MIB. Puis le soir de Thanksgiving de 1967, alors qu'il promenait son chien devant chez lui, une limousine noire s'arrêta, assez loin pour demeurer dans l'ombre. Un homme au teint hâlé sortit et s'approcha, tandis que le poil du chien se hérissait et qu'il se mit à hurler à la mort. L'homme dit à Smyth qu'il voulait tous les résultats de ses enquêtes sur les ovnis. Bien sûr, Smyth refusa, d'autant plus que l'inconnu ne voulait pas s'identifier. "Vous le regetterez!" dit-il alors, retournant à sa voiture dont il ouvrit la portière sans la toucher! Smyth, qui observait soigneusement, ne discerna d'ailleurs pas de poignée... mais distingua, peint sur la carrosserie, un "V" doré, surmonté d'un éclair. La voiture démarra sans aucun bruit, comme propulsée à l'électricité. Smyth aperçut encore un intérieur rouge, et eut le temps de relever le numéro d'immatriculation: U 1496. Il avait senti, dans le regard de l'inconnu, un pouvoir hypnotique auquel il avait du résister.
Le lendemain, un type en blouson de cuir noir et portant de grosses lunettes noires, au volant d'une voiture déglinguée, fonça sur lui pour le renverser. Le jour suivant, un homme très grand, très pâle, aux cheveux argentés, le fila jusqu'à l'arrêt du bus, puis passa devant lui et tourna le coin de la rue. Depuis le bus, Smyth put voir à cet endroit une grosse voiture noire démarrer... Le lendemain encore, un nouveau coup de téléphone lui conseillant de renoncer à ses recherches, puis la ligne fut coupée.

Un mois passa, avant qu'un homme ne l'appelât, disant appartenir à un groupe ufologique californien - dont Smyth n'avait jamais entendu parler. Son interlocuteur lui dit bien connaître ses activités, mentionnant des incidents dont Smyth n'avait jamais parlé à personne!
Le lendemain, nouvelle apparition du grand type pâle, qui le suivit de la sortie du travail jusqu'à l'arrêt de bus. Une semaine plus tard, le Californien le rappela pour lui proposer de voir un ovni; mais rien n'apparut à l'heure et au lieu dits.

De mauvais sosies

George Smyth n'avait pas fini de découvrir les multiples facettes des MIB! Début mai 1968, il aperçut depuis sa fenêtre à l'étage une Volkswagen s'arrêter et trois hommes en sortir, qu'il reconnut tout de suite, car il avait vu leur photo dans un numéro de Saucer News: c'étaient les fameux ufologues John Keel, Gray Barker et James W. Moseley. Il dévala aussitôt l'escalier pour les accueillir, mais au moment où il ouvrait la porte, la "coccinelle" bleue, non immatriculée, démarrait à vive allure! Intrigué, il appela Moseley et Barker au téléphone: ils n'avaient pas bougé de chez eux de toute la matinée!
Smyth, qui voulait en avoir le coeur net, réexamina la photographie. Un détail le frappa: si les visages qu'il avait aperçus étaient bien ceux de ses collègues, les tailles respectives de ceux qu'il avait vus ne correspondaient pas à la véritable stature des ufologues! Barker et Keel (dont la barbe était fidèlement reproduite) étaient apparus de la même grandeur - ce qui n'était pas le cas des vrais. Quant à Moseley, il paraissait plus petit que Barker, contrairement à la réalité.

Une semaine plus tard, trois hommes accostèrent Smyth dans un parking, émergeant d'une Plymouth noire. Ils exhibèrent des cartes de membres de S.A.U.C.E.R.S., l'organisme d'enquête de Saucer News; ils lui dirent qu'ils étaient au courant des derniers événements qu'il avait rapporté à la rédaction, mais qu'ils souhaitaient des précisions - que Smyth leur donna, tandis qu'un des hommes prenait d'abondantes notes. Mais intrigué par la plaque de leur voiture (dont l'immatriculation se révéla fausse), il vérifia auprès de la revue: personne n'avait parlé de ces informations à quiconque!

Le 11 juin, George Smyth appela un autre ufologue à Jersey City, John J. Robinson:
"Que penses-tu que Jim Moseley faisait à Elizabeth ce matin?
- ...?!? Il n'était pas ici, je viens de le réveiller chez lui [à Manhattan, réd.] en l'appelant pour lui demander un numéro de téléphone dont j'avais besoin d'urgence!"
Smyth lui raconta alors qu'ayant pris le bus pour aller travailler, comme d'habitude, il avait vu Moseley devant l'Hotel Carteret, à Elizabeth. Jim lui avait sourit et lui avait fait signe! Il portait son costume gris, et son éternelle cravate rayée. Il avait un trench sur le bras.
C'est ce détail qui ne collait pas. D'après Robinson, qui le connaissait bien, Moseley ne possédait pas ce genre de vêtement.

Les MIB au Rayon Jaune

Peu après cet incident, des connaissances de Smyth se mirent à lui dire qu'un homme très grand, aux cheveux gris, quêtait des renseignements à son sujet. Dès qu'on lui demandait son nom, l'homme tournait les talons. Toutes les personnes qu'il interrogeait étaient des employés des différents établissements où Smyth avait coutume de se restaurer. Seul un marchand de hot-dogs, qui le connaissait bien, parla longuement avec l'individu. Il en ressortit que ce dernier savait déjà sur Smyth plus de choses qu'il aurait pu en apprendre de cette conversation!
Le soir du 15 juin, un nouvel appel anonyme recommanda à Smyth de laisser tomber toute recherche soucoupique, de rompre ses relations avec Barker, Moseley, Beckley, Keel et Robinson, et de renoncer à se rendre au prochain congrès ufologique de Cleveland. Sinon, dit la voix, "il le regretterait profondément..."
Smyth, qui n'avait pas de relations avec Beckley, et qui n'avait nulle intention d'assister au congrès, se plut à relever ces petites imprécisions dans l'information de son interlocuteur anonyme.

Mais il n'en était pas quitte avec les MIB pour autant! Le 18 juin, Robinson reçut un coup de fil de sa part. Smyth lui raconta qu'il avait été empêché de se rendre à son travail ce jour-là, suite à une intervention de ses mystérieux suiveurs.
Il s'apprêtait à sortir, quand son chien se mit à hurler comme un loup en regardant par la fenêtre. Une grosse voiture noire était garée en face, avec un homme au volant et deux autres sur la banquette arrière; ceux-ci semblait manipuler une sorte d'équipement électronique. L'un d'eux portait des écouteurs, tandis que l'autre tenait ce que Smyth décrivit comme un cercle cristallin, avec une tige de 60 à 80 cm de long. Le cercle commença à briller d'une lumière jaune; puis cette lumière se concentra et jaillit en un rayon qui atteignit Smyth en plein front, lui envoyant une explosion de chaleur! Avant de s'évanouir, il put relever le numéro sur la plaque de la voiture: une plaque ressemblant à celles du gouvernement U.S., et le chiffre U 1436...
En se réveillant, il souffrait d'un violent mal de tête. Cette migraine persista toute la journée, et il perdit à nouveau connaissance à deux reprises.

Vénusiens contre MIB

Le Dr Frank E. Stranges, président et fondateur du National Investigation Committee on UFOs, avait été contacté en 1959 par une employée du Pentagone qui l'avait introduit auprès de Valiant Thor, un être d'une qualité qu'il est impossible de trouver sur Terre: Val Thor venait de Vénus et avait séjourné pendant trois ans au sein du coeur stratégique des Etats-Unis d'Amérique, tentant d'influencer, de façon parfaitement pacifique, la marche du monde humain vers un état plus harmonieux et laissant à l'avenir de notre planète une chance, un espoir. Ses vues ayant été finalement rejetées par les groupes de pression américains (au grand dam d'Eisenhower qui, pour sa part, aurait été assez favorable aux propositions de l'émissaire vénusien), Valiant Thor avait regagné ses pénates, mais gardait avec ses meilleurs alliés terriens des relations qu'il prenait grand soin d'entretenir, pour leur plus grand bonheur.

Le Dr Stranges recevait ainsi, de temps à autre, une invitation à rejoindre l'équipage de Val Thor, ce qui le mettait toujours dans un état d'euphorie assez compréhensible. Ce jour de janvier 1974, le rendez-vous devait avoir lieu aux environs de Las Vegas, où les Vénusiens avaient posé un de leurs vaisseaux dans un endroit discret, du côté du lac artificiel créé par le barrage Hoover. Le ciel du Nevada rougeoyait déjà quand l'avion de Frank Stranges se posa sur la piste de Vegas, et le docteur se dirigea tranquillement vers la sortie de l'aéroport, se sachant attendu par l'un ou l'autre des membres de l'expédition. Quand deux hommes jeunes, vêtus de costumes noirs bien ajustés, l'appelèrent par son nom en lui faisant signe, il ne se méfia pas et leur confia sa mallette, tandis qu'ils l'emmenaient vers leur Cadillac noire garée sur le parking. Un troisième homme, en noir également, attendait au volant, et Stranges fut invité à monter à l'arrière, à côté de l'un de ses "hôtes" qui y avait déjà pris place. Puis le dernier s'installa de l'autre côté sur la banquette arrière, la limousine étant assez large pour permettre cette disposition sans nuire au confort.

Grisé par la perspective de revoir son ami de l'espace, Frank Stranges ne prêta pas une attention suffisante à l'odeur de cigare qui flottait dans la voiture: il savait, en effet, que les Vénusiens ne fument jamais, ni ne fréquentent de fumeurs. Mais il était trop tard; la Cadillac avait démarré et s'éloignait de l'aéroport, mais elle s'arrêta soudain sur le bord de la route et l'homme qui était à sa droite l'invita à descendre à sa suite. Celui de gauche le poussa alors d'un violent coup de pied qui l'envoya s'étaler dans la poussière! Les deux MIB lui sautèrent dessus, tandis que Stranges, se rappelant fort à propos ses cours d'arts martiaux, roula rapidement sur lui-même, hors de portée des deux assaillants pendant quelques secondes. A peine rétabli sur ses pieds, il fut jeté à nouveau à terre, ses lunettes et ses côtes pareillement écrasées. Il parvint pourtant à se relever et envoya un direct au visage de l'un des attaquants: le bruit de cartilage brisé qu'il entendit alors venait de sa main... désormais hors d'usage pour un temps! Entretemps, le conducteur était sorti, lui aussi, et, se mêlant à la bagarre, fut accueilli par un coup de talon dans l'estomac...

Soudain, une Cadillac blanche stoppa net devant la noire aux portières ouvertes: deux hommes en combinaison argentée en bondirent et portèrent secours au Dr Stranges. Celui-ci comprit vite que cette intervention inespérée était due à ceux qui devaient normalement l'accueillir à l'aéroport! Sans crier gare, le chauffeur MIB s'engouffra dans sa voiture et fit mine de démarrer. Mais de son bras étendu, simplement, l'un des Vénusiens fit fondre les pneus arrières, immobilisant net la Cadillac. Puis l'extraterrestre saisit le MIB sur son siège à travers la vitre, sans la briser, et le sortit de la même façon pour le déposer sur le sol, où gisaient ses deux compères! Ensuite, sans s'embarrasser d'une clé, il ouvrit le coffre pour récupérer la mallette du Dr Stranges et l'équipage s'en alla. Quelques dizaines de mètres plus loin, cependant, la limousine blanche se rangea sur le côté. L'ami de Stranges fit quelques pas vers l'arrière, et exécuta quelques gestes en direction de la Cadillac noire et des trois MIB restés à terre: en quelques secondes, la voiture et les hommes avaient disparu! Il ne restait que des traces de lutte dans le désert, et un peu de caoutchouc fondu que le sable avait absorbé...

Dans la Cad blanche qui était repartie en direction d'Henderson, le Vénusien rassura Stranges avant qu'il ne pose la question: "Frank, disons simplement que maintenant, ils sont un peu déplacés..."

La Cadillac volante

L'histoire est rapportée par le Dr Hynek lui-même, qui la raconta à Tim Beckley lors d'une interview. Elle survient fin 1975 dans le Minnesota, près d'une petite ville où s'était produite une vague localisée d'observations d'ovnis. Hynek avait reçu un appel téléphonique d'un officier de police de la région, qui avait enregistré une plainte d'une nature pour le moins inhabituelle! Voici ce qu'a vécu le couple auquel le policier faisait allusion:
Ces deux personnes roulaient en direction de la ville, quand l'homme se rappela qu'il avait un coup de fil à donner. Avisant un motel sur le bord de la route, il s'arrête et fait quelques pas vers la cabine téléphonique se trouvant devant le bâtiment. Alors qu'il est sur le point d'en ouvrir la porte, une grosse Cadillac noire arrive et s'arrête juste devant lui, lui bloquant le passage: un homme bondit du siège avant et le pousse de côté pour pouvoir téléphoner le premier!
Vivement choqué par ces façons peu civilisées, mais ne cherchant pas à envenimer la situation, notre témoin reprend la route avec son épouse et roule jusqu'à la prochaine cabine. Nouvel arrêt, il sort de sa voiture, et le temps de chercher une pièce dans son porte-monnaie, la Cadillac déboule sur les chapeaux de roue et stoppe à côté de lui dans un crissement de pneus! Le même homme recommence son manège, brûlant la politesse et occupant quasiment de force la cabine téléphonique.

Après que le même scenario se fût répété une troisième fois (!), amenant le couple au bord de la crise de nerfs, une course-poursuite s'engagea, pendant laquelle les deux infortunés automobilistes parvinrent à relever le numéro d'immatriculation de la limousine hostile. Et soudain, alors qu'ils la suivaient à quelques mètres, celle-ci s'éleva au-dessus de la chaussée et disparut 'comme si elle était passée dans une autre dimension'!

En vérifiant le numéro, la police s'aperçut qu'il avait bien été délivré à un habitant de la région, qu'elle contacta immédiatement. L'individu refusa d'abord de dire s'il était impliqué ou non dans l'épisode... puis, sous la menace d'une inculpation pour conduite dangereuse, il avoua être Témoin de Jéhovah, et considérer ce genre d'événements dans le contexte de sa religion, plutôt que comme une manifestation liée au phénomène ovni.

L'arrache-coeur

De toutes les apparitions de MIB citées de par le monde, celle dont fut témoin le Dr Herbert Hopkins est certainement la plus souvent mentionnée, tant elle représente l'archétype de ces manifestations. Certains détails, cependant, sont souvent omis, bien qu'ils soient de la plus grande importance: nous nous sommes attachés à n'en oublier aucun - à notre connaissance. Le Dr Hopkins, d'Orchard Beach, dans le Maine, avait été sollicité pour étudier le subconscient d'un jeune "enlevé", David Stephens, et était entré ainsi en contact avec le phénomène ovni, pour lequel il n'avait auparavant pas d'intérêt particulier. Cela allait le conduire à une célébrité dans le monde ufologique, qui ne devait rien à ses recherches, mais à une rencontre dont il se serait certainement passé: le soir du 11 septembre 1976 restera malheureusement à jamais gravé dans sa mémoire.

Ce soir-là, il s'était exceptionnellement retrouvé seul à la maison - sa femme et son fils étaient sortis voir un film. Le téléphone avait sonné, et un homme s'annonçant comme le vice-président de la New Jersey UFO Research Organization avait sollicité un entretien au sujet de l'enlèvement de David (il fut vérifié plus tard que cet organisme n'existait pas). Curieusement, le Dr Hopkins avait accepté l'entrevue sans avoir demandé son nom à son interlocuteur (ce qu'il avoua n'être pas du tout son genre). L'inconnu avait dit qu'il serait là tout de suite: en effet, quelques secondes plus tard, Hopkins le vit arriver sur les escaliers conduisant au deuxième étage! Bien qu'intrigué par cette impossibilité physique de se trouver là si vite, le docteur lui ouvrit la porte et l'invita à entrer, sans formalité (attitude qu'il reconnut être très inhabituelle chez lui). L'individu se retrouva ainsi assis dans son salon moins d'une minute après qu'il eût appris son existence au téléphone!

Hopkins ne put s'empêcher d'être fasciné par l'apparence étrange de la "personne" qu'il avait en face de lui: vêtu d'un costume noir impeccable, chaussures noires, chaussettes noires, cravate noire sur une chemise d'un bleu très foncé, le MIB portait de surcroît un melon, noir et poli, qu'il retira prestement, laissant apparaître un crâne parfaitement chauve et lisse! Sa peau était comme celle d'une poupée, lisse et ayant l'aspect du plastique, mais d'une blancheur cadavérique; elle était exempte de toute pilosité: pas de sourcils, ni même de cils, en revanche des lèvres d'un rouge brillant, sous un nez très petit et bizarrement implanté bas. Avec son costume sans un faux pli, il avait l'air d'un mannequin qui se serait soudain animé et serait sorti de sa vitrine. Même après qu'il se fût assis, son apparence demeurait si parfaite que le docteur n'en croyait pas ses yeux.

Interrogé sur le cas qu'il étudiait, le Dr Hopkins commença d'exposer ses vues sur la question. L'individu approuvait en hochant la tête, et en disant de temps à autre: "c'est ainsi que je le comprends"... Pendant qu'il parlait, Hopkins était attiré par ses yeux: ils étaient très brillants, mais il ne parvint à en décrire précisément ni la forme, ni la couleur - sauf qu'ils étaient sombres. Pour relancer la conversation, l'inconnu disait simplement: "et alors?", toujours sur un ton monocorde, sans expression (de même qu'il s'était exprimé au téléphone - c'est d'ailleurs ainsi qu'il fut identifié comme étant bien la même personne). Son anglais était parfait, sans accent, mais il prononçait les mots l'un après l'autre, de façon espacée, comme une machine. Quand le MIB s'essuya la bouche du dos de la main, Hopkins se rendit compte que le rouge déteignait sur ses gants gris, laissant apparaître une bouche sans lèvres - celles-ci avaient simplement été dessinées sur sa peau de "plastique" blanc! Cette bouche était un simple trait droit, rectiligne, s'entr'ouvrant pour parler. Sa tête n'eût aucun mouvement, à aucun instant. Il dit soudain à Hopkins qu'il avait deux pièces de monnaie dans sa poche gauche (comment l'avait-il su?) et lui demanda d'en prendre une et de la tenir dans le creux de sa main - ce qu'il fit. "Ne me regardez pas, regardez la pièce", dit le MIB. La rondelle de cuivre prit alors une couleur argentée, puis bleue - et ensuite le docteur la vit complètement floue tandis qu'il sentait son poids disparaître. Elle s'était doucement dématérialisée sous ses yeux!

L'étrange personnage demanda alors à Hopkins s'il connaissait Betty et Barney Hill (les "abductés" les plus célèbres d'Amérique).
- J'en ai entendu parler, mais je ne les connais pas personnellement, répondit le docteur. Je crois que Barney est décédé...
- C'est juste, et savez-vous de quoi il est mort?
- Probablement d'un infarctus: il est mort soudainement...
- Ce n'est pas exactement cela, reprit le MIB. La raison pour laquelle il est mort est qu'il en savait trop! Barney n'eut plus de coeur, comme vous n'avez plus de pièce dans la main."
Hopkins se vit confirmer par la suite que Barney Hill avait disparu dans des circonstances peu claires.
- Vous avez des bandes magnétiques sur le cas Stevens, continua le MIB. Vous allez les détruire, ainsi que tout ce que vous possédez ayant trait aux ovnis. Je saurai quand vous l'aurez fait."
Prononcées sans aucune menace, ces dernières paroles furent dites sur un rythme ralenti - mais toujours sur le même ton monocorde. L'individu se leva alors lentement, en chancelant un peu:
- Mon énergie diminue - dois - partir - maintenant - au - revoir" articula-t-il. Le docteur lui ouvrit la porte et il sortit en s'appuyant sur le mur. Il descendit les escaliers prudemment - en posant les deux pieds sur chaque marche, l'un après l'autre, avant de continuer... Il se tint un instant à l'angle du bâtiment, puis une vive lumière d'un blanc bleuâtre apparut: Hopkins vit alors que son corps ne projetait pas d'ombre sur le sol!

Fortement secoué par cette visite, le Dr Hopkins effaça à contre-coeur ses bandes enregistrées, puis les détruisit. Il appela ensuite une journaliste qui s'était intéressée au cas de David Stephens, et lui demanda de ne rien publier, lui retirant sa caution. Puis il eut des problèmes inexplicables avec sa ligne téléphonique; ses patients ne purent plus l'atteindre: une voix leur disait que le numéro n'était plus en service. La compagnie fut avertie, et installa un relai spécial pour cette ligne, mais les ennuis continuèrent: les communications étaient interrompues, ou ne pouvaient être établies. Bien qu'agacé, le Dr Hopkins ne se sentit jamais réellement menacé; mais une question continua de le tourmenter: qu'était-il vraiment arrivé à Barney Hill?

Un MIB au ministère

Changeons complètement de décor. Quittons les Etats-Unis et retrouvons-nous en France, au début des années 1970. Deux ans auparavant, le 2 novembre 1968, était survenue une intervention d'ovni qui allait devenir l'une des plus célèbres du monde: le cas du Docteur X, ce médecin du sud de la France qui fut guéri d'une vieille blessure de guerre et d'un hématome plus récent après qu'il reçût un rayon lumineux émanant d'un objet qu'il avait observé de son balcon. Puis l'objet s'était dématérialisé dans un bang sonore, tandis qu'un mince fil s'élevait alors dans le ciel où il se changea en un point qui explosa comme un feu d'artifice...

Malgré cet étonnant phénomène, l'intérêt des enquêteurs s'était porté sur une manifestation inexplicable et inattendue: l'apparition sur l'abdomen du docteur d'un triangle rouge de dix centimètres de côté, le lendemain de l'observation. Ce triangle allait réapparaître à la même date pendant plusieurs années consécutives, et le phénomène put même être filmé sans interruption. Le cas du Docteur X avait rejoint dans la légende ceux de Maurice Masse et de Marius Dewilde...

Mais les étranges rencontres que fit le médecin à cette époque sont moins connus. Jacques Vallée les mentionne dans son livre Confrontations, sans livrer tous les détails, mais en fournissant suffisamment d'indications pour que l'interlocuteur du docteur puisse être assimilé à un MIB.

Le premier contact, déjà, survint de façon bizarre, alors que le Docteur X était en vacances dans le sud de la France: il entendit soudain un sifflement dans sa tête et eut en même temps l'impulsion de regagner sa chambre d'hôtel. Alors qu'il pénétrait dans le hall, le gérant lui dit que quelqu'un était au téléphone et voulait lui parler! Une voix inconnue lui dit alors "qu'ils se rencontreraient bientôt pour parler de ce qu'il avait vu". Les vacances terminées, alors qu'il était rentré chez lui, il perçut à nouveau ce sifflement et fut "conduit" vers un homme qui l'attendait près d'une limousine de marque française, et dont la description ne nous surprendra pas: vêtu "comme un homme d'affaires", grand, brun, avec des yeux bleus remarquables.

L'homme commença par s'excuser pour les dérangements électriques et les déplacements d'objets intempestifs que le docteur et sa femme avaient constatés dans leur maison. Cette rencontre fut suivie d'autres, au cours desquelles le médecin fut instruit sur la façon de se téléporter ou de voyager dans le temps. A une occasion, il fut emmené sur une route qui "n'existait pas". L'inconnu, qui demeura anonyme, apparaissait souvent un peu au nord de sa maison, sur un petit chemin peu fréquenté. Lors d'une autre rencontre, le MIB était en compagnie d'un humanoïde d'un mètre de haut, qui ne produisit aucun son mais dont les yeux jetèrent des éclairs dans toutes les directions, dans la maison du docteur où ils avaient pénétré.

En 1971, il se passa un événement étrange, que le médecin français ne raconta que bien plus tard à Jacques Vallée. Il était à la maison, avec sa femme, et attendait des amis pour déjeuner. Ayant remarqué que sa voiture était au soleil, il alla la déplacer pour la soustraire à la chaleur. Et il ne revint pas. En effet, à peine assis au volant, il eut l'impulsion de se rendre jusqu'à la ville, où il rencontra à nouveau l'étrange visiteur. Le Docteur X a le souvenir d'avoir entendu: "il faut que nous nous rendions quelque part", puis de s'être trouvé étendu sur un lit, dans une chambre inconnue... En se levant et en regardant par la fenêtre, il aperçut à la fois le ministère de l'Intérieur (il était donc à Paris) et la limousine du MIB qui entrait dans la cour de ce ministère, saluée par les gardes de planton. Dans la chambre se trouvait un téléphone, et le docteur appela sa femme: vingt minutes à peine s'étaient écoulées, pendant lesquelles leurs amis étaient arrivés. Vingt minutes plus tard encore, la Citroën de l'interlocuteur mystérieux ressortait du ministère. Le Docteur X se retrouva alors dans la petite ville où il avait laissé sa voiture, et rentra chez lui, en demeurant face à l'inexplicable.

MIB en Albion

La National Security Agency (NSA) américaine dispose d'une importante base de télécommunications, bien sûr top-secrète, dans le Yorkshire (Angleterre), à Menwith Hill précisément. C'est là, juste à côté de la base, qu'en août 1972 un objet non identifié a été vu au sol par deux témoins. La police locale enquêta immédiatement, et convoqua une conférence de presse. Celle-ci n'eut jamais lieu. Deux hommes arrivèrent dans une limousine, agitèrent sous les yeux des policiers des accréditations du ministère de la Défense, congédièrent les journalistes et se mirent à interroger un des témoins, mais sur un détail seulement de son observation: le système d'ouverture de la porte de l'engin... Par la suite, le ministère démentit formellement avoir envoyé quiconque à cette occasion.

Après une observation d'ovni en janvier 1976, une jeune femme du Lancashire reçut plusieurs coups de téléphones étranges, alors que son adresse n'avait pas été publiée. Puis deux hommes se présentèrent à son domicile, la bombardant de questions tandis que ses parents assistaient à la scène sans pouvoir réagir, comme sous l'emprise d'une force irrésistible. L'attitude des deux MIB était typiquement bizarre: l'un restait assis sans rien dire, tenant contre lui une étrange boîte noire; l'autre, qui était manchot, posait une quantité de questions n'ayant qu'un lointain rapport avec l'observation. Il se fâcha inexplicablement quand la jeune femme refusa les explications banales qu'il tenta de donner au phénomène qu'elle avait vu.

  L'étonnante faculté des MIB de connaître les détails d'une affaire, y compris des données personnelles, voire intimes, sans en avoir été informés par des moyens orthodoxes ou ordinaires, est illustrée une fois de plus par l'histoire de cet ancien officier de police anglais qui prit une photo d'une créature étrange à Ilkley Moor (Yorkshire). Alors qu'en janvier 1988, seules quatre personnes insoupçonnables (dont Jenny Randles, qui rapporte le cas) étaient au courant, deux hommes disant s'appeller Jefferson et Davies et appartenir au ministère de la Défense (papiers 'officiels' à l'appui), débarquèrent chez le témoin. Ils lui demandèrent de leur raconter son histoire, ce qu'il fit, mais sans mentionner la photo. Les MIB exigèrent alors le négatif!

Par bonheur, celui-ci était déjà en main des ufologues pour analyse. Les deux visiteurs s'en allèrent sans chercher à savoir où se trouvait cette photographie.Le lendemain, le policier reçut un coup de téléphone d'un journaliste l'avertissant qu'il connaissait toute l'affaire et qu'il allait la publier! Cela l'effraya tellement qu'il voulut tout laisser tomber sur-le-champ. Jenny Randles s'informa discrètement auprès du journal dont se réclamait l'interlocuteur: personne n'avait appelé le témoin, et rien ne fut jamais publié dans ce journal.

Panique à Draguignan

Il fait beau, ce soir du 19 octobre 1973, et Gabriel D. invite sa fiancée à aller contempler le coucher du soleil depuis les hauteurs du Malmont, qui domine la petite ville de Draguignan, dans le sud de la France.

La moto de Gabriel a tôt fait de les conduire jusqu'au point d'où l'on domine toute la région, mais là, un spectacle inattendu interrompt leur rêverie: une boule de lumière orangée traverse l'espace devant eux, avant de s'élever au-dessus de leur tête et de disparaître.

Perturbés par cette apparition, les deux jeunes gens redescendent en ville, et font part de leur aventure à leurs amis. Quatre d'entre eux décident alors d'aller y voir de plus près, et dans deux voitures, se rendent jusqu'à la table d'orientation installée au sommet du Malmont. A peine arrivés, ils entendent de curieux sifflements et grognements, alors que des vagues de chaleurs se déversent sur eux! Puis une boule rougeâtre vient dans leur direction et se matérialise en un personnage sombre qui les domine de sa haute taille. Trois de ces étranges figures sont là et les entourent, quand la panique saisit les infortunés témoins de cette scène cauchemardesque: deux d'entre eux parviennent à filer rapidement, mais le moteur de l'autre voiture refuse de démarrer! Et les deux garçons sont cernés par ces trois hommes vêtus de noir et à l'allure menaçante. Un des jeunes hommes leur crie: "Etes-vous bons ou mauvais?" La réponse fuse sous forme de cris et de sifflements qui sortent en ouragan des trois MIB, d'un type vraiment démoniaque!

Terrifiés, les jeunes gens, mus par leur instinct de survie, poussent leur véhicule sur la pente, ce qui permettra au moteur de s'enclencher, et ils prennent la fuite aussi vite qu'ils le peuvent.
Ils furent tellement traumatisés par leur expérience que l'ufologue qui entreprit de revenir sur ce cas, J. Chasseigne, eut toutes les peines du monde à les persuader de raconter ce terrible épisode.

Grabuge à Mexico

Un des cas de MIB les plus connus est celui de Carlos de los Santos Montiel, un jeune pilote mexicain de 23 ans. Carlos avait vécu une confrontation impressionnante avec des ovnis, le 3 mai 1975: alors qu'il était aux commandes de son Piper, deux petits disques étaient apparus, un à chaque bout d'aile. Les commandes ne répondaient plus, et un troisième disque, d'environ trois mètres de diamètre, avait foncé sur lui et même heurté sa carlingue! Les radars de Mexico-City avaient suivi toute la scène. Contre toute attente, le Piper de Carlos continua de voler et put se poser sans encombre. L'affaire ne tarda pas à faire les gros titres des journaux locaux.

Carlos subit des examens médicaux et psychologiques, et fut traité suite au choc provoqué par sa frayeur, mais il fut ensuite déclaré apte à voler à nouveau. Il était devenu une célébrité et posa sa candidature aux Mexicana Airlines. Quinze jours après l'observation, Pedro Ferriz, le "Jean-Claude Bourret" du coin, l'invita à participer à son émission de TV, pour qu'il raconte son aventure en direct. Le jeune pilote accepta, et le jour convenu, se mit en route pour les studios.

C'est alors que deux limousines noires ("des voitures de diplomates", dit-il) s'approchèrent de la VW de Carlos et l'encadrèrent. Ces véhicules étaient si neufs et si brillants qu'ils semblaient rouler pour la première fois. Leurs manoeuvres obligèrent le jeune homme à se garer sur le bas côté. Aussitôt, quatre hommes jaillirent des deux voitures et entourèrent celle de Carlos. L'un d'eux posa ses mains sur la portière, dont la vitre était baissée. Un autre lui dit d'une voix de robot (en espagnol): "Ecoute, garçon, si tu tiens à ta vie, et à ta famille, ne parle plus jamais de ton observation!" Et les quatre hommes, grands, de type nordique (blonds aux yeux bleus), vêtus de costumes sombres, repartirent sur les chapeaux de roues, avant que Carlos ait repris ses esprits. Mais la première pensée qui lui vint fut de faire demi-tour et de laisser tomber son interview télévisée.

Quelques semaines plus tard, à la mi-juin 1975, le Dr J. Allen Hynek, le fondateur du CUFOS, qui était de passage à Mexico, chercha à voir Carlos Montiel. Celui-ci avait parlé à Pedro Ferriz de sa rencontre avec ce qu'il pensait être des agents de la CIA, mais le journaliste, qui connaissait le phénomène des MIB, le rassura un peu en lui disant que jamais les menaces proférées n'étaient mises à exécution. Carlos accepta donc de rencontrer le Dr Hynek, et après une première entrevue, l'ufologue américain invita le jeune témoin à venir partager son petit-déjeuner à son hôtel le lendemain, avant de repartir aux USA.

Carlos partit de chez lui un peu plus tôt, pour pouvoir faire un crochet par les bureaux de Mexicana Airlines, d'où il lança un coup de fil pour annoncer son arrivée à Hynek. Mais sur les marches de l'hôtel, un MIB l'accosta et lui dit sèchement: "Tu as déjà été prévenu une fois. Tu ne dois pas parler de ton expérience." Carlos répondit qu'il allait juste prendre un petit-déjeuner, et que le Dr Hynek pourrait l'aider à comprendre ce qui s'était passé pendant cette observation - que tout le monde, d'ailleurs, connaissait par les journaux. Mais le MIB le poussa brutalement en arrière, ajoutant:
- Ecoute, je ne veux pas que tu te crées des problèmes. Pourquoi t'es-tu levé à six heures ce matin? Tu travailles chez Mexicana Airlines? Tire-toi d'ici maintenant, et ne reviens plus!"

Impressionné à nouveau, le jeune homme n'insista pas davantage et rentra chez lui. Mais plus tard, quand il osa parler de tout cela, il ne fut plus inquiété, et ne sentit plus jamais sa sécurité mise en danger. Quand il parla de son histoire aux ufologues Jerome Clark et Richard Heiden en 1977, il leur confia deux détails qui l'avaient particulièrement frappé: le teint très pâle de ces MIB, et le fait que jamais il ne les vit ciller des paupières. Ils avaient un regard fixe, comme celui d'un automate.

Un appariteur intimidant

Le professeur Rojcewicz feuilletait sans trop de conviction un livre sur les ovnis, assis à une table de la bibliothèque de l'Université de Pennsylvanie (c'était en 1980). Un de ses collègues le lui avait recommandé, car il avait pensé qu'en tant que folkloriste, il aurait pu y trouver un intérêt.
Peter Rojcewicz aperçut soudain, dans son champ de vision, un pantalon noir et une chaussure de la même couleur. Levant les yeux de son bouquin, il prit conscience de la présence, juste à côté de lui, d'un homme debout, de plus d'1m80 mais d'une minceur extrême, vêtu d'un complet noir "aussi chiffonné que s'il avait dormi avec pendant trois jours"! Sa chemise, en revanche, était d'une blancheur éclatante, et son teint d'une grande pâleur.
L'homme prit place sans façon à côté du professeur et lui demanda ce qu'il faisait.
- Je lis un livre sur les UFOs, répondit Rojcewicz.
- En avez-vous déjà vu?
- Non.
- Pensez-vous qu'ils soient réels?
- Je ne sais trop qu'en penser, mais je me rends compte à la lecture de ce livre que le sujet ne m'intéresse pas beaucoup.
Le MIB dit alors d'un ton qui ne tolérait pas la réplique:
- Les soucoupes volantes sont le problème le plus important de ce siècle et vous n'êtes pas intéressé?
Il se leva brusquement et, posant sa main sur l'épaule de Rojcewicz:
- Continuez ce que vous êtes en train de faire!" Puis il s'éclipsa.

Dans l'instant qui suivit son départ, le professeur fut saisi d'une intense frayeur. Il se leva pour chercher quelqu'un qui aurait été témoin de la rencontre, et qui puisse le rassurer; mais la bibliothèque était étrangement vide, alors qu'à cette heure, elle était habituellement fréquentée par de nombreux étudiants. Cette solitude ajouta encore à son impression d'avoir vécu quelque chose de totalement anormal. Il retourna à sa place et poursuivit sa lecture.

Quand il quitta les lieux, plus d'une heure après, l'endroit avait repris son aspect ordinaire et animé. Quant à Peter Rojcewicz, il ne tarda pas à devenir l'une des personnes les mieux informées de la saga des MIB.

   
Sources:
Gray Barker: They Knew Too Much About Flying Saucers
John Keel: Our Haunted Planet
Timothy Green Beckley: The UFO Silencers
Jenny Randles & Peter Hough: The Complete Book of UFOs
Dr Frank E. Stranges: Stranger at the Pentagon

   

La suite immédiatement, dans Les MIB II: Le Retour!