ONU soit

qui mal y pense

La république de Saint-Marin, plus vieille république du monde, qui a toujours réussi à maintenir son indépendance au milieu de l'Italie, pourrait demander à l'ONU la création d'une agence pour l'étude des phénomènes d'objets volants non identifiés (OVNI), selon le bureau chargé du tourisme de Saint-Marin, apprend-on par la presse du 6 avril 1998. Cette agence aurait pour rôle, selon ses initiateurs, de vérifier, coordonner et divulguer les résultats des recherches sur les OVNI et autres phénomènes "extraterrestres".

Ainsi, un état membre de l'Organisation des Nations Unies se propose de déterrer un vieux projet, qui dans les années '70 avait fait monter la température dans le palais de verre de Manhattan. La croisade pour faire admettre l'étude des OVNI au sein de l'ONU fut une de celles qui firent la gloire des enthousiastes des contacts extraterrestres à cette époque! Moins de dix ans après la publication du fameux rapport Condon par les USA (1969), le sujet des soucoupes volantes était discuté à la table du Secrétaire Général de l'organisation mondiale, Kurt Waldheim. Et il ne fallut pas moins qu'un coup d'état organisé par la CIA pour rétablir l'ordre de la "vérité officielle" dans les salons feutrés de la diplomatie internationale. Mais pour y voir plus clair, et pour pouvoir évaluer les chances de la République de Saint-Marin de voir son projet aboutir, il nous faut reprendre depuis le début l'histoire des relations entre l'organisme représentant les peuples de la Terre et les visiteurs de l'espace, ou ceux qui se faisaient passer pour tels.

Le Major
ColmanVonKeviczky

  Tout commença en 1966, quand un rapport circonstancié sur les observations d'OVNI, contenant 124 documents, fut remis personnellement au Secrétaire Général U Thant par le Major Coleman S. VonKeviczky, qui lui fit à cette occasion un exposé de la situation. Le Major VonKeviczky était un ingénieur d'origine hongroise, qui avait dirigé la division audiovisuelle de l'armée royale de son pays entre 1938 et 1945. Après la guerre, il avait été engagé comme cameraman dans la 3e armée US, en Bavière, avant de diriger la production de films documentaires. En 1952, il avait émigré aux Etats-Unis, juste à temps pour être confronté à la grande vague d'observations qui submergea le pays cette année-là. Les anciennes fonctions du Major VonKeviczky lui permirent de se procurer des photographies et des films d'OVNI pris par des membres de l'US Air Force: c'est en expert qu'il put apprécier leur valeur et il commença à réunir une documentation solide sur le sujet.

Aussi, quand quelques années plus tard il trouva un emploi à l'office d'information de l'ONU, VonKeviczky se battit pour que le phénomène OVNI soit reconnu parmi les représentants des nations du monde entier. C'est ainsi qu'après la vague d'observations de 1965 aux USA, qui remplit les journaux américains que les diplomates en poste à New-York feuilletaient au petit-déjeuner, il fut chargé par les services du Secrétaire Général d'établir un memorandum sur la question. Cette démarche allait être le coup d'envoi d'une campagne pour l'étude et la communication des données sur les OVNI au niveau mondial.
En effet, le rapport du Major VonKeviczky fit une forte impression sur U Thant. Les OVNI allaient être pendant une dizaine d'années, jusqu'au coup de force des Etats-Unis pour étouffer toute l'affaire, un sujet de préoccupation des milieux onusiens. Le 7 juin 1967, le Pr James E. McDonald, qui s'était insurgé contre les explications absurdes servies par J. Allen Hynek (conseiller scientifique de l'Air Force), s'exprimait devant le Comité de l'ONU pour les affaires spatiales, plaidant pour l'origine extraterrestre des OVNI. A la même époque, le Secrétaire Général U Thant déclarait qu'il considérait les OVNI comme le problème le plus important auquel les Nations Unies avaient à faire face après la guerre au Viêt-Nam.

U Thant avait très certainement été informé d'un témoignage publié dans le London Daily Telegraph du 20 janvier 1962, relatif à la disparition de son prédécesseur, le Secrétaire Général Dag Hammarskjöld, qui avait été tué quand son avion s'était écrasé en Rhodhésie du Sud (l'actuel Zimbabwe) le 18 septembre 1961. Ce témoignage, rapporté par un enquêteur officiel, émanait de Timothy Kankasa. Il disait tout simplement que juste avant le crash, il avait vu un petit appareil sans lumières survoler l'avion qui transportait Hammarskjöld et quinze autres passagers. Ce petit objet volant inconnu avait projeté des "rayons de lumière" sur l'avion de l'ONU, puis était parti vers le nord-est peu avant l'"accident".
Cet événement pourrait avoir pesé lourd dans le silence de U Thant, par la suite, chaque fois qu'il fut question d'OVNI.

Les choses prenaient une tournure dangereuse pour ceux qui avaient déjà dépensé des centaines de milliers de dollars pour convaincre le public qu'il n'y avait rien de sérieux derrière les observations d'OVNI. Tandis que le représentant soviétique à l'ONU, l'ambassadeur Nikolaï Fedorenko, dénonçait avec emphase les "délires des états capitalistes", les Etats-Unis allaient prendre des mesures plus drastiques pour contrer les menées des ufo-activistes dans l'arène internationale. Première précaution: le Major VonKeviczky fut relevé de ses fonctions; seconde mesure, et de taille, le gouvernement U.S. lança l'étude officielle des OVNI par l'Université du Colorado, qui accoucherait deux ans plus tard de l'indigeste rapport Condon, destiné à démystifier le phénomène OVNI (rappelons au passage, néanmoins, que sa lecture attentive révèle un pourcentage non négligeable de cas absolument irréductibles...)
Mais VonKeviczky n'était pas homme à renoncer. Il multipliait ses contacts avec les ufologues du monde entier, renforçait ses liens avec des personnalités de premier plan disposées à l'aider dans sa croisade, comme le Pr Hermann Oberth, et obtenait une résolution du 7e Congrès International de la Recherche Ufologique, à Mayence, stipulant que:
"Toutes les nations de la planète doivent s'unir pour collaborer dans la recherche scientifique visant à résoudre ce problème et à développer notre comportement pacifique... Les Nations Unies devraient être formellement autorisées à instituer une commission compétente ayant pour tâche de rechercher le contact avec des intelligences extraterrestres..."
C'est le nouveau Secrétaire Général de l'ONU, Kurt Waldheim, qui se chargera de répondre à cet appel lancé par des personnalités de 24 pays: "Je puis vous assurer, leur écrira-t-il, que votre envoi a retenu ma plus grande attention. Je ne manquerai pas d'en donner lecture, en particulier en ce qui concerne la résolution du 7e Congrès ufologique de Mayence, à la Commission des affaires spatiales." Waldheim tint certainement parole, car on peut retrouver certains termes de la résolution dans le Traité sur l'utilisation pacifique de l'espace qui sera signé par les états membres.
Mais l'établissement d'une agence onusienne spécialement chargée des OVNI ne pouvait être initié sans la proposition formelle d'un état membre de l'organisation. Du côté des grandes nations, l'opposition à une telle initiative se faisait sentir par des pressions occultes: "Il y a des choses dont je ne peux ni ne dois parler", répondit un jour l'ancien Secrétaire U Thant à une journaliste qui l'interrogeait sur les OVNI.

  Il se trouve toujours, en revanche, des pays pour former une fronde, et en 1971, le représentant de l'Ouganda, l'ambassadeur Grace S.K. Ibingira, déclara devant l'Assemblée Générale qu'" il y a d'abondantes preuves de leur existence, et aux Etats-Unis, en Union Soviétique, en Grande-Bretagne et dans beaucoup d'autres pays, des scientifiques compétents croient qu'un grand nombre de ces objets inconnus sont des vaisseaux interplanétaires [...]"

L'ambassadeur Ibingira proposait par conséquent l'adoption d'une clause contraignant les états à se comporter de façon pacifique avec tout objet spatial semblant être contrôlé par une intelligence. Cette proposition se heurta au mur des super-puissances, ainsi que l'ambassadeur en fit part au Major VonKeviczky: "[Il semble qu'] au sein de l'ONU, une forte pression soit exercée pour empêcher que ce sujet reçoive l'attention qu'il mérite." Dans une lettre du 14 juin 1972, il proposera même au Major la constitution d'un lobby pour lutter à l'avenir contre "la grande apathie" dont l'ONU semblait faire preuve vis-à-vis des OVNI.

Un nouveau combattant allait faire son entrée dans l'arène, et donner aux OVNI une importance qu'ils n'avaient encore jamais connue dans le petit monde des diplomates onusiens: Sir Eric Gairy, Premier Ministre de la Grenade, un petit état des Caraïbes. Le 7 octobre 1975, il proposa à l'Assemblée Générale de l'ONU la création d'une agence chargée d'étudier "les innombrables phénomènes inconnus qui, à notre époque, attendent toujours leur explication". Sir Eric avait annoncé la couleur, et dès ce jour, il ne manqua aucune occasion de faire progresser la cause des OVNI sur le plan international: la Grenade émit une série de timbres soucoupiques sur fond de siège de l'ONU, tandis que son Premier Ministre voulait en faire un centre pour l'étude du phénomène.  

L'année suivante, en 1976, Gairy remet la compresse devant l'Assemblée. Il devient le chouchou des associations ufologiques, aux congrès desquelles il fait des déclarations fracassantes: "J'ai la ferme conviction, s'écrie-t-il, que le monde est prêt, désireux et suffisamment mûr pour accepter ce phénomène!" Et il s'insurge contre la rétention par certains d'informations qu'ils comptent utiliser dans des buts militaires. Bref, Sir Eric incarne rapidement la cause des ufologues qui réclament le droit de savoir depuis plus de vingt ans. C'est lui qui va formuler le projet repris cette année même par la république de Saint-Marin, dans une lettre au Dr Kurt Waldheim, le 14 juillet 1977: il demande au Secrétaire Général de l'ONU d'inscrire à l'ordre du jour de la 32e Assemblée Générale la question de "l'établissement d'un service des Nations Unies pour la vérification, la coordination et la communication des éléments de la recherche sur les Objets Volants Non Identifiés et les phénomènes connexes." Dans un projet de résolution, il propose de surcroît de décréter 1978 "l'année internationale des objets volants non identifiés", et il offre l'hospitalité de son pays pour la tenue d'un congrès mondial sur les OVNI...
Lors de son troisième discours devant l'Assemblée Générale, le 7 octobre 1977, Sir Eric Gairy raconte aux délégués sa propre observation d'un objet volant qui l'a vivement impressionné. Puis il expose sa proposition de création d'une agence pour étudier ce phénomène, proposition qui est soumise à discussion entre les états membres. Un comité spécial, placé sous l'autorité de l'ambassadeur est-allemand, Bernhard Neugebauer, est chargé d'examiner le problème de façon interne.

Jacques Vallée s'exprime
devant le Comité
Politique Spécial

  Le représentant de la Grenade, le Pr Wellington Friday, prononce devant ce comité un vibrant plaidoyer pour le droit qu'ont toutes les nations d'être informées sur les observations d'OVNI, et pour la définition d'une politique pacifique à l'endroit d'intelligences extraterrestres.

Mais quand le comité revient devant l'Assemblée, c'est une résolution toute différente que la Grenade semble accepter de soumettre au vote général: on n'y parle plus que de laisser davantage de temps aux délégations pour étudier la question, et au lieu de l'établissement d'une agence ad-hoc, il est proposé de permettre au Secrétaire Général d'étudier les différents aspects du sujet, et de soumettre un rapport à la 33e Assemblée... l'année suivante. Les Etats-Unis n'en tolèrent pas plus, comme le confirmera une dépêche d'Associated Press du 30 novembre 1978: "Le gouvernement U.S. est expressément opposé à la fondation d'un service des Nations Unies pour l'étude des OVNI"...

La Grenade va donc concentrer ses efforts sur le Secrétaire Général, et le 7 juillet 1978, son ambassadeur, Francis Redhead, propose à Kurt Waldheim une réunion d'information que celui-ci accepte aussitôt. Sir Eric Gairy a prévu d'y inviter une brochette des meilleurs spécialistes: le Major VonKeviczky, le Dr J. Allen Hynek, Jacques Vallée, Claude Poher (du GEPAN), Leonard Stringfield, David Saunders, Lee Spiegel et Morton Gleisner (du comité spécial). Mais voilà, les Américains ne voient pas du tout d'un bon oeil la présence de Coleman VonKeviczky dans ce prestigieux panel: il est trop remuant, et il dispose de documents trop compromettants. Les moyens de pression étant ce qu'ils sont, le Major se verra exclu de la réunion... Sir Eric Gairy se fendra d'une lettre lui expliquant qu'il est persuadé, pour sa part, que son organisation (l'ICUFON) "dispose des meilleures preuves qui soient de l'existence des OVNI et de leurs opérations, mais que son cabinet, lui-même ni les scientifiques qui l'accompagnent ne peuvent consentir à ce que soient présentés devant l'Assemblée Générale des faits et des indices prouvant que les OVNI sont une question de sécurité internationale"!

De gauche à droite: l'astronaute Gordon Cooper, Jacques Vallée, Claude Poher, J. Allen Hynek, Sir Eric Gairy, Kurt Waldheim, Morton Gleisner, Lee Spiegel, Len Stringfield, David Saunders (Photo ONU)

Le gratin de l'ufologie mondiale se trouve donc réuni dans le bureau de Kurt Waldheim, Secrétaire Général de l'ONU, ce 14 juillet 1978: une rencontre historique, une occasion unique d'entamer un processus pouvant déboucher sur l'ouverture de dossiers capitaux et sur une collaboration franche et ouverte au niveau international en matière d'OVNI. Que se passa-t-il à cette réunion?
Jacques Vallée, à la pointe de la mode ufologique de cette époque, exposa son point de vue selon lequel le phénomène OVNI, bien que réel et créé par un stimulus physique inconnu, avait une dimension psycho-physique touchant au système de croyance des témoins, par lequel s'y mêlaient des éléments de nature émotionnelle; Vallée doutait que ce phénomène pût s'inscrire dans le mandat (et dans le budget) des Nations Unies.
Mais Gairy, prudent, s'était également assuré la présence de deux témoins directs: un colonel de l'U.S. Army, Lawrence E. Coyne, qui s'était trouvé, aux commandes de son hélicoptère, en présence rapprochée de deux objets en forme de cigare. Et l'astronaute Gordon Cooper, qui non seulement fit part à l'auguste aréopage de ses observations d'OVNI, qui l'avaient convaincu de leur origine extraterrestre, mais présenta également ses réflexions pour aider à la solution du problème, et sur le rôle que pourrait jouer l'ONU dans une telle démarche.
Finalement, tous les scientifiques présents se prononcèrent en faveur d'un contrôle international de l'étude, selon un communiquéde presse de la Grenade du 17 juillet 1978.

Il n'y eut pas de réactions au sein de l'organisation après cette entrevue. Néanmoins, l'Inde proposa que le thème des OVNI soit traité sous le titre "Recherche de vie/intelligence extraterrestre" dans le cadre des tâches du Comité des affaires spatiales. Quant aux Seychelles, elles choisirent de soutenir la proposition de la Grenade de créer une agence ad-hoc.
Gairy, de son côté, tenta de ramener la discussion onusienne sur un terrain plus concret. Il soumit au comité politique spécial une nouvelle proposition en six points:
1. Les Nations Unies, en concertation avec les services compétents, conduisent et coordonnent une étude sur l'origine des OVNI et des phénomènes connexes;
2. Le Secrétaire Général invite les états membres, les services spécialisés et les organisations privées à lui faire parvenir jusqu'au 31 mai 1979 des informations et des propositions constituant la base de cette étude;
3. Le Secrétaire Général mande dans les plus brefs délais un groupe de trois experts chapeautés par le Comité pour l'utilisation pacifique de l'espace, pour définir les lignes directrices de cette étude;
4. Il décide que ce groupe d'experts doit se réunir pendant les sessions du Comité et étudier et discuter les informations et les propositions;
5. Il décide que ce groupe d'experts doit faire rapport de son travail au nom du Comité devant la 34e Assemblée Générale;
6. Il décide que la question du "Rapport du groupe d'experts du Comité pour l'utilisation pacifique de l'espace chargé d'établir les lignes directrices de la recherche sur les objets volants non identifiés et les phénomènes connexes" sera inscrite sur l'agenda provisoire de la 34e Assemblée Générale.

Cete proposition passa à nouveau à travers les méandres (fort utiles à ceux qui en sont maîtres) de l'organisation... Pendant ce temps, un memo confidentiel du représentant U.S. à l'ONU était envoyé à la CIA, au Pentagone, à la NSA, à l'Air Force, demandant des instructions précises sur la conduite à tenir face aux menées de la Grenade, ainsi que sur le "degré de visibilité souhaité" des interventions américaines, spécifiant que l'année précédente, le délégué des Etats-Unis avait dû lutter dur dans les coulisses pour noyer l'initiative grenadienne... en repoussant le vote d'une année.
Le 18 décembre 1978, l'Assemblée Générale de l'ONU vota la résolution 33/426 suivante:
"Etablissement d'une agence ou d'un département des Nations Unies pour la vérification, la coordination et la communication des résultats de la recherche sur les objets volants non identifiés et les phénomènes connexes
Lors de sa 87e réunion plénière, le 18 décembre 1978, l'Assemblée Générale, sur recommandation du Comité Politique Spécial, a adopté le texte suivant, représentant le consensus des membres de l'Assemblée:
"1. L'Assemblée Générale a pris note des déclarations faites, et des propositions soumises par la Grenade lors des 32e et 33e sessions de l'Assemblée Générale à propos des objets volants non identifiés et des phénomènes connexes.
2. L'Assemblée Générale invite les états membres intéressés à prendre les mesures appropriées pour coordonner au niveau national la recherche scientifique et les investigations sur la vie extraterrestre, y compris les objets volants non identifiés, et à informer le Secrétaire Général des observations, de la recherche et de l'évaluation de telles activités.
3. L'Assemblée Générale demande au Secrétaire Général de transmettre les déclarations de la Grenade et la documentation pertinente au Comité pour l'utilisation pacifique de l'espace, afin qu'il puisse en tenir compte lors de sa session de 1979.
4. Le Comité pour l'utilisation pacifique de l'espace permettra à la Grenade, sur sa demande, de présenter ses vues au Comité à sa session de 1979. Les délibérations du Comité seront incluses dans son rapport, qui sera soumis à l'Assemblée Générale lors de sa 34e session."

Les délégués américains avaient encore une fois été efficaces. Mais l'affaire commençait à sentir le roussi: il serait impossible de contenir les dégâts d'une campagne que le Premier Ministre de la Grenade était toujours résolu à mener dans le cadre de l'ONU. Heureusement, la CIA, de son côté, ne restait pas inactive: en mars 1979, la guérilla communiste conduite par le terroriste Maurice Bishop se trouva miraculeusement dotée des moyens qui lui permirent de renverser le gouvernement de Sir Eric Gairy. Une bonne campagne de presse fit taire l'opinion: Gairy fut présenté dans tout le monde occidental comme un autocrate corrompu qui n'avait que ce qu'il méritait. Quelques années plus tard, les Marines débarquaient sur la petite île des Caraïbes pour y rétablir un ordre plus conforme aux intérêts de l'Oncle Sam...

Des Ovnis responsables d’explosions dans le Somaliland

Plus récemment, les représentants du Somaliland (ancienne Somalie britannique) lançaient un appel à la communauté internationale, suite à des événements inquiétants survenus dans ce pays quasi-désertique.
A ce jour, à notre connaissance, les organes de l'ONU n'ont pas beaucoup avancé dans leur enquête...

Hargeysa, Somalie, 25 janvier 1996 (Reuter)

Les autorités du Somaliland, affirmant que de mystérieuses explosions provoquées par desOVNIs au-dessus du nord-ouest de la Somalie avaient rendu des gens malades et provoqués des comportements étranges chez les animaux, demandent au monde d’enquêter sur ces événements.
Le gouvernement de la république auto-déclarée du Somaliland rapporte que deux explosions dans le ciel provoquées par des OVNIs ont été entendues en décembre dans la cité portuaire de Berbera sur le golfe d’Aden, et dans les régions de Sool et Sanaag à l’est et au sud-est du pays.
« Nous voulons que la communauté internationale lance d’urgence une enquête complète sur ces explosions et leurs conséquences », a déclaré mercredi un ministre du gouvernement à Reuters.

Le rapport d’une mission envoyée dans le sud-est du Somaliland par le gouvernement mentionne que des animaux ont réagi bizarrement après les explosions le mois dernier, et que des habitants sont tombés malades.
Les membres d’une agence d’aide des Nations Unies qui a visité les deux régions, ont déclaré qu’après avoir entendu les récits des habitants ils n’avaient aucun doute que les explosions avaient eu lieu et avaient été entendues au-dessus d’une vaste région, mais que les causes n’étaient pas claires et qu’ils n’avaient pu trouver aucune preuve qu’elles aient nuit aux gens, et spécialement aux enfants.

Le Somaliland s’est séparé du reste de la Somalie alors qu’elle glissait vers la famine, le chaos et les guerres de clans après le renversement du dernier président Mohamed Siad Barre, mais n’a pas reçu de reconnaissance internationale depuis sa création en 1991.
Le nord-ouest de la Somalie, particulièrement Sol et Sanaag, est un vaste désert aride et rocailleux avec des épineux comme à peu près seule végétation. La moitié de sa population est nomade, habituellement en mouvement avec des chameaux, des chèvres et du bétail, cherchant des pâtures et de l’eau.

Dans son rapport, l’équipe gouvernementale déclare:
«un bruit effrayant, semblable au tonnerre a été entendu dans les régions de Sanaag, Berbera et Sool à 7h du matin le 5 décembre et à 19h le 7 décembre. Quelques jours après les explosions, les habitants des régions visitées ont commencé à ressentir diverses toux anormales, diarrhées, difficultés respiratoires et maux de tête. Le groupe le plus affecté était les enfants et plusieurs en seraient morts. Les animaux de la région ont montré un comportement inhabituel d’agitation, d’irritabilité et de faiblesse.»
Elle ajoute encore que l’enquête indiquait que les problèmes de santé chez les hommes et les animaux étaient en relation avec les explosions.
«Une augmentation prononcée de la mort d’enfants, particulièrement de ceux de moins de trois ans, a été notée».
Le rapport préliminaire cite plusieurs témoins parmi lesquels Ahmed Yusuf Dualeh de la ville de Ceel Aiweyne, qu’il définit comme «une personne très fiable» et expert en explosif.
Dualeh dit avoir vu un vaisseau aérien venant du nord-ouest et volant à faible altitude au-dessus de la ville aux deux dates en décembre et ensuite avoir entendu une sourde explosion qui a secoué le sol et ébranlé sa maison.
«Monsieur Dualeh... a estimé que l’explosion était équivalente à celle de plus de 100kg de TNT et probablement nucléaire,» dit le rapport, ajoutant que l’une des détonations avait fait voler en éclats les vitres d’un camion. Le rapport ne fait pas d’autre mention de la possibilité d’explosion nucléaire.

Le gouvernement doit faire face à l’opposition des milices de deux sous-clans, mais l’armement le plus sophistiqué dont elles disposent est composé de blindés datants des années 40 et 50, et de petites fusées antichars.
D’autres témoins disent avoir vu un objet volant avec une traînée de fumée. Le rapport dit que des villageois d’Adhiadye et Garadag ont fait état d’une soudaine augmentation de maladies après les explosions.
«... des animaux ont été vus courant sauvagement et d’une manière incontrôlée, certains s’empalant sur des arbres».
La mission du gouvernement a proposé quelques explications, dont la rentrée d’un satellite dans l’atmosphère terrestre, une météorite ou un avion passant le mur du son, mais que l’explication la plus vraisemblable était «la détonation d’un booster de missile» parce qu’on n’a vu aucun débris tomber du ciel et que des gaz brûlants de couleurs variées ont étés vus.
«Aucune manifestation physique d’objets tombés ou de fragments du matériel explosé n’ont étés trouvés au sol. Aucune preuve de dommages au installations au sol, comme par exemple la formation d’un cratère ou des déformation du sol, causés par un corps étranger n’a été observée,» a rapporté l’équipe, ajoutant que l’enquête avait été limitée.
Un français, pilote de charter des Nations Unies, qui vole chaque semaine au-dessus de cette région, à qui on a demandé s’il avait vu une de ces explosions, a répondu en souriant: «Jamais. Et je prie pour que cela ne m’arrive jamais.»

Janvier 1996

D'après un article de Peter Smerdon
Traduction du GREPI